Avant de faire la critique de ce film j'ai regardé quelques commentaires… Et je suis un peu étonnée. Pour autant qu'il soit nul on ne peut pas dire de ce film qu'il est raté.
Je constate qu'on lui reproche la traduction putassière de son titre, de ne pas être drôle ou encore d'être un film pour adolescent...
Eh bien grande nouvelle : Oui s'en est un ! Il suffit de lire la phrase d'accroche du résumé d' « allo ciné » pour en être convaincu : « Ils sont jeunes, beaux, riches et rivalisent d'adresse... ». D'ailleurs à quoi peut-on s'attendre d'autre en voyant sur une affiche trois adolescents, sur un fond rouge incarnat reflet très clair de la luxure, prenant des allures de bad boy ? Si ce n'est… à un film pour adolescent !! C'est même mieux : un « drame »... on ne lui demande donc pas d'être drôle. C'est un film dans lequel les personnages principaux sont des adolescents, certaines complètement niaises, d'autres représentent les modèles : sortes de héros auxquels on voudrait ressembler car ils assurent ! Pour que l'ado puisse s'identifier. Et un film avec des choses dures comme une rupture, ou un mort… et ça quant tu es en pleine interrogation sur la vie, le moi, l'émoi et le surmoi… bah c'est vachement fort. quoi !
Oui, ce film joue parfaitement son rôle de drame pour adolescent… Enfin du moins le jouait-il. Rappelons qu'il sort en 1999, autant dire qu'internet n'existe pas, alors youporn… t'oublie. Alors oui… oui… il peut aujourd'hui paraître timide, mais à cette époque la nana qui caresse son "demi frère", avant de lui montrer une poitrine bombée appuyée d'un bustier en satin, et le mec nu au bord d'une piscine plongée dans une lumière tamisée… bah ça faisait encore carrément bander / mouiller. Ce film excitait les fillettes en chaleur et frustrait les garçonnets prépubères qui auraient tellement voulu en voir plus !
Quant à la traduction, aussi racoleuse qu'elle soit, la traduction joue également ce rôle, appâter les adolescents en mal de sexe des années 1990.
Après avoir dit ça... on est d'accord ce film - pour le spectateur plus éclairé, et moins sexuellement frustré… - est un navet.
D'abord une piètre reprise des liaisons dangereuses. Si mon amie ne m'avait pas si bien vendu le roman, visionner ce film m'aurait à jamais interdit de désirer sa lecture… Le langage qui se veut châtier sans assez développé pour donner le change, la fin moralisatrice du genre : « oudelali ! l'amour est toujours vainqueur ! », les décors et les costumes, sans parler des stéréotypes. Dans le genre je suis une fille riche alors j'ai une chambre avec des rideaux turquoises et je fais du cheval… Enfin, je m'y connais pas assez en aristocratie américaine, mais... mais d'ailleurs le problème n'est pas tant que ce soit ou non réaliste… c'est surtout qu'on s'en fou. On se fiche que la fille fasse du cheval, on se fiche que le prince charmeur loge temporairement chez sa tante dans le château de gnagnagna… ça ne fait absolument pas progresser l'histoire.
Et la moraaaale états-uniennes… Blurp ! J'avais pas réalisé que déjà à cette époque fallait la ramener sur les clichés racistes. Je dis pas qu'ils existent pas. Je dis que la petite scène entre la mère bourgeoise qui considère les noirs comme des bonobos qu'elle sort de la savane et le prof de musique instruit qui la remet en place par son éloquence, même si le dialogue porte à sourire – c'est d'ailleurs peut-être le dialogue le mieux écrit du film, n'a pas sa place ici. Si vous vouliez vraiment parler d'égalité fallait mettre plus qu'un seul acteur noir, qui se tape deux nanas en même temps, avant d'aller frapper sauvagement un blanc dans la rue (les noirs sont instruits certes mais ils restent des noirs voyons ) et surtout fallait le faire dans un film qui traite du sujet… pas en mode « doubidoubidou, bon ça y est on a parlé du racisme on a rempli nos quotas ».
Moi y a encore un truc qui me choque… Onze millions !! onze millions de dollars !!! c'est le budget du film. Onze millions de dollars putain ! Gregg Araki avec deux fois moins il te sort un film trois fois primé ! Qu'est-ce que vous avez foutus les gens ? Il est où le pognon ?
Bon après c'est vrai que la location des châteaux et des lits à baldaquin a dû coûter bonbon. Mais entre nous, à ce prix là…valait mieux tourner le film en forêt… en disant que c'était la forêt du château. Ça aurait donné un coté relation sauvage et vous auriez économisé pour le numéro deux...