Nouveau-Mexique,fin du 19e Siècle.Une bande de rupins,pour la plupart des aristocrates européens,s'aventure en territoire Apache pour s'y livrer à une partie de chasse,sans tenir compte des traités en vigueur.Attaqués par les indiens,trahis par l'équipe de voyous leur servant de guides et d'escorte,ils ne doivent leur survie qu'à Shalako,un aventurier solitaire qui fut colonel dans l'armée américaine.La troupe s'enfuit mais les apaches sont à leurs trousses.Ce western tardif en forme de mondopudding,c'est une coprod américano-anglo-allemande,jouit d'une épouvantable réputation qui parait assez usurpée avec le recul car en réalité ce n'est pas si mal.Il est vrai qu'à l'époque le western n'était plus à la mode,même le spaghetti s'essoufflait,et le film tente de concilier classique et néo-western sans toujours y parvenir.Cependant ça tient la piste car le boulot est assuré par de bons professionnels,à commencer par Edward Dmytryk qui réalise là un de ses derniers films et avait quelques lettres de noblesse dans le genre pour avoir notamment shooté "L'homme aux colts d'or" ou "La lance brisée".Il sait élaborer de beaux plans et gérer les scènes d'action,avec une majestueuse utilisation de la largeur d'écran qui met en valeur les paysages sauvages et désertiques de l'Ouest américain,alors que bien sûr on a filmé en Espagne,sur les fameux sites d'Almeria tant vus dans les spaghettis.Du reste Gainsbourg cite cette ville dans"Initials BB", sa chanson hommage à Brigitte Bardot,vedette féminine du film,écrite pendant ce tournage.Certes on a un gros problème de rythme dans la deuxième partie,et les scènes finales avec les indiens sont ridicules,mais dans l'ensemble le scénario est très habile et imbrique parfaitement les évènements dans le cadre d'un conflit triangulé impliquant les trois groupes de personnages,même si l'essentiel est concentré sur les aristos en perdition et leur sauveur providentiel.L'action rebondit de manière imaginative et des développements inattendus surviennent régulièrement pour relancer la machine,les auteurs n'hésitant pas à recourir aux recettes du spag que sont la violence sadique et les pointes d'érotisme paillard.En prime il y a un portrait en tranche d'une société socialement divisée se débattant encore entre sophistication des hautes sphères,sauvagerie contenue des blancs natifs,qu'ils soient bons ou mauvais,et instincts primaux des indiens pas encore parqués dans des réserves.La description des riches est gratinée,avec cette assemblée de notables stupides,méprisants,arrogants et racistes,se prenant pour ce qu'ils ne sont pas et incapables de voir qu'ils courent à leur perte.Au sein du groupe le baron Von Hallstatt,qui dirigeait les opérations de manière autoritaire et péremptoire,va peu à peu perdre de sa superbe au profit de Shalako,l'homme de terrain moins raffiné mais plus au fait des techniques de survie dans un tel environnement.C'est d'ailleurs un vrai régal de voir ces crétins sapés comme des milords et flanqués d'un serviteur distingué perdre progressivement leurs privilèges et encaisser une avalanche d'humiliations successives.Leurs pouvoirs et leurs prérogatives disparaissent les uns après les autres à mesure que Shalako augmente son emprise,même si ça finira par une sorte de réconciliation.Lord Daggett voit sa chaude épouse l'abandonner pour le chef des bandits,tandis que le baron accumule les échecs à chaque initiative qu'il prend et se fait lui aussi subtiliser sa gonzesse,la belle comtesse Irina,par le très viril Shalako,qui prend définitivement la place de mâle alpha de la tribu.La distribution,très internationale mais surtout anglaise,aligne une vraie brochette de stars ayant à sa tête Sean Connery,qui incarnait encore James Bond en ce temps-là et s'impose subtilement en cow-boy malin jamais pris en défaut, suffisamment intelligent pour ne pas abuser de sa domination.Notre BB nationale est égale à elle-même en comtesse intrépide,c'est-à-dire superbe physiquement et jouant faux.Stephen Boyd est le bad guy de service,interprétant un traître comme il l'avait fait dans "Ben-Hur" avec Messala.Il avait déjà été le partenaire de Bardot dix ans plus tôt dans "Les bijoutiers du clair de lune".Jack Hawkins,le lord cocu,était aussi dans "Ben-Hur" mais il est mieux connu pour avoir été le major Warden dans "Le pont de la rivière Kwaï".Anglaise elle aussi,Honor Blackman,ici son épouse adultère,fut au côté de Connery la James Bond girl de "Goldfinger".L'allemand Peter Van Eyck,tout en blondeur et rigueur germanique,interprète le prussien en uniforme,entêté et inflexible.On l'avait vu entre autre dans "Le diabolique docteur Mabuse" de Fritz Lang.Et puis il y a un vétéran du western,l'américain Woody Strode,qui a tourné pour Ford et Leone.Amusant de le voir en chef indien,ce qui nous donne un black effectuant un redface.