Est-ce un témoignage du déclin, lié à l’âge, de certains réalisateurs qui furent talentueux ? Certains perdent le savoir-faire nécessaire à l'alliage du goût, de la texture et des autres composants d'un film.
Ou peut être leur a-t-on pris trop de leur pouvoir sur la production et sur les équipes techniques et ils se laissent tirailler à hue et à dia jusqu’à ce que que tout devienne dissonant.
Ou bien cela vient d’eux-mêmes, parce qu’ils ont perdu la fermeté idéaliste de leur jeunesse.
Il y a beaucoup d’exemples de ces films comme il y a, au contraire, des grands réalisateurs qui sont restés émérites, livrant parfois leurs meilleurs films à un âge avancé, par exemple Raoul Walsh, John Huston, George Cukor, Billy Wilder ou Joseph Mankiewicz.
Ici, le scénario confronte des aristocrates européens en visite dans l’Ouest (un aspect insolite mais authentique de son Histoire) à des cow boys convoyeurs et malhonnêtes ainsi qu'à des indiens en colère.
Mais les péripéties sont gâchées par une narration qui renforce notre incrédulité devant les conduites aberrantes ou misérables de chacun des groupes face à l’adversité.
La romance, surajoutée comme un moteur de la commercialité du film, suit la trame d'une rencontre entre un « chasseur blanc » de service (Sean Connery) et une des belles touristes (Brigitte Bardot).
Cette trame est un cliché du genre "film de safari". Elle a ses lettres de noblesse dans l’histoire du cinéma car des réalisateurs comme Ford, dans Mogambo, ou Hawks dans Hatari, ont réussi à l’élever en une aventure captivante, par de l’action, de la grâce et de l’humour.
Mais elle est ici dégradée et ridicule. Sean Connery n’est pas à son avantage dans un costume de peau qui semble un jogging, avec un chapeau plat et gris sur des rouflaquettes qui l’enlaidissent, et il semble encore plus accablé par le film que nous le sommes.
C’est ce qui nous intrigue et qui maintient en nous un petit peu d’intérêt :" Y a -t-il un mystère caché dans ce film, à découvrir dans le tourment secret, perceptible, de notre ami Sean ? ".
Mais non. Arrivés au bout, on comprend que Sean Connery voulait juste en finir avec cette corvée.
Brigitte Bardot est encore très belle et elle fait de son mieux pour ne pas être une potiche complète, tout comme Honor Blackman dans le rôle d’une écervelée déloyale et hystérique. Jack Hawkins a le rôle d’un aristocrate déchu et désespéré, et Peter Van Eyk, d’une grande classe, garde sa superbe en passant d’une arrogance destructrice à une humilité solidaire de son groupe.
Stephen Boyd qui est capable de faire d’excellents bad guys est bien en dessous de ses performances habituelles, et on comprend que, avec sa gueule des mauvais jours, il fait le service minimum pour cette ineptie hollywoodienne qui a perdu en route l’exotisme de l’histoire. Elle n’a gardé qu'un autre exotisme, celui du casting : dans un western donc, nous avons un maximum d’anglais, un allemand et une française.
Qu’est-il arrivé à Dmytryk qui réalisait encore la decennie precedente les excellents
« Warlock » (« L’Homme aux Colts d’or ») en 1959, « Walk in the Wild Side » (« La rue Chaude ») en 1962, et Mirage en 1965 ?