Toujours assez difficile de noter négativement un film pourtant rempli de bonnes intentions. Mais non, je n'ai pas du tout accroché à la forme, ni au fond d'ailleurs. Le film se veut être une discussion sur les thématiques du polyamour et de la relation libre notamment, dans le milieu gay égyptien plus spécifiquement. Et j'avoue avoir été un peu dérouté par ces discussions, quand bien même sont-elles parfois intéressantes, il y a quelque chose de très (trop ?) simple dans leur déroulement, et ne semblent pas assez profondes. Il faut ajouter à cela une forme assez étrange, ponctués de chansons et de fables, avec occasionnellement de jolis dessins à l'écran. Mais ceci m'a complètement sorti du film, et vu que ces moments-ci revenaient régulièrement, je me retrouvais toujours désarçonné.
Le film aura ses quelques sujets plus spécifiques, en pêle-mêle : un semblant de porno cliché avec un garagiste, l'alcool qui a défiguré les relations, la difficulté du plan à 3, la mort, la jalousie, le "je t'aime moi non plus", la discussion sur la PrEP (où l'autre dira qu'il est "undetected" il me semble, et ce sera traduit par "prévisible", ou quelque chose de ce genre-là, ce qui me semble être une mécompréhension). À part cela, les intertitres ne seront pas traduits, et resteront affichés en anglais et en arabe, ce que je trouve étrange, tout comme certaines chansons qui ne seront pas sous-titrés.
Le film est aussi assez consistant à ne pas dériver de son sujet, d'une certaine manière, il n'est pas du tout ici questions de discriminations par exemple, on y verra des hommes parler librement de leurs relations. Cela fait écho notamment à ce qu'a dit la conceptrice du son, Kinda Hassan, qui était présente à la projection pendant le festival Chéries-Chéris, où elle annonça le retrait du film de la sélection "Libertés Chéries" (qui consiste à encourager les productions dans les pays où les personnes LGBTQI+ sont mal acceptés, ndlr), car l'équipe trouve qu'il est problématique, puisqu'on ne considérerait les communautés de certains pays que comme étant des victimes, et l'on marquerait la scission avec les communautés dites occidentales. C'est un point de vue qui se défend.
Mais bref, un film qui ne m'a clairement pas parlé ni convaincu, mais qui pourtant mérite d'être salué, parce que particulièrement très sincère et authentique dans sa démarche, avec les acteurs ayant eux-mêmes participé à la scénarisation.
(Vu le 25 novembre 2023 en VOSTFR au cinéma, pendant le Festival Chéries-Chéris)
On en parle dans le Ciné-florg #63