Shanghaï Blues par Ryo_Saeba
1984, alors que Tsui Hark travaille encore pour la compagnie Cinema City et vient de réaliser Aces go places 3, il décide avec sa compagne, Nansun Shi, de fonder la Film Workshop afin d'obtenir plus de liberté artistique. Alors que la compagnie démarre à peine et ne bénéficie d'aucun soutien, Tsui Hark fort de son titre de producteur et réalisateur, décide d'inaugurer la société de production en réalisant Shanghai Blues.
S'inspirant des comédies burlesques Américaines de l'âge d'or du cinéma Hollywoodien, de Hawks à Minelli, le film nous transporte dans un univers où tout n'est que Quiproquo et parties de cache - cache. Tsui Hark débute son récit durant la seconde guerre mondiale en 1937 pour continuer ensuite dans l'après guerre en 1947. Si le réalisateur ne manque pas de bien insister sur certains points assez tragiques de l'époque comme la très grande pauvreté de la population, le traitement réservé aux anciens combattants devenus des sans abris ou encore la hausse fulgurante des prix des denrées élémentaires telles que la nourriture, il le fait toujours en utilisant la comédie.
Ainsi sur un rythme effréné, les personnages haut en couleurs interprétés par Kenny Bee, Sally Yeh et Sylvia Chang s'en donnent à cœur joie, le tout porté par un sentiment de légèreté loin des comédies hong-kongaise de l'époque. Il faut ajouter à toutes ses qualités une partition magnifique et envoûtante signée du très grand et regretté James Wong, disparu il y a maintenant un peu plus d'un an (novembre 2004). Le compositeur entre autres des Histoires de Fantômes Chinois, Une balle dans la tête, ainsi que des meilleures œuvres de Tsui Hark, arrive à élever le film à un niveau supérieur grâce notamment à son "Shanghai Blues", thème récurrent du film terriblement efficace et entraînant.
Sorte de brouillon de Peking Opera Blues qu'il réalisera deux ans plus tard, Shanghai Blues possède déjà toute la magie, le parfait mélange des genres (il ne manque plus que l'action) et une bonne humeur communicative. Il ne reste plus qu'à se laisser emporter.