En tout cas pour jouer aux pieds c'est pas un manche, Chow.
De la comédie de kung fu (ou assimilé) hong kongaise je ne possède qu’une ridicule expérience : le présent film, Crazy Kung Fu, et God of Cookery. Je pourrais aussi citer quelques passages de la filmo de Bruce Lee, mais je ne suis pas sûr que tout ait été volontaire. C’est donc plein de lacunes, exempt de propos référencé et avec une grande humilité de que je vais vous causer de Shaolin Soccer.
C’est avant tout un très bon souvenir estival (moi qui n’aime pas l’été, c’est remarquable) de projection en plein air, un soir d’août 2002. Mais ça vous vous en battez les coquilles. Ce qui m’avait marqué en réalité ce soir là, outre l’ambiance décontracté et le plaisir assez inédit d’assister à la projection d’un film en dehors du cadre d’une salle obscure, permettant ainsi au quidam de pouvoir tenir une bière et une clope devant la toile sans vergogne, ce fut d’assister à la réalisation fortuite d’un fantasme d’enfant : celui de voir porté un dessin animé de sa jeunesse à l’écran avec de vrais acteurs, tout en gardant les audaces visuelles et l’esprit jouissif et accrocheur d’origine.
Ben oui, qui n’a pas pensé au moins un quart de seconde à l’analogie —au moins formelle— avec Captain Tsubasa ; notamment lors de ce fameux coup de pied dans la canette de bière avec position du Tir de l’Aigle des familles (http://tinyurl.com/ao2fjz3) ?
C’est d’ailleurs ce que j’aime dans le film de Chow : tout cet aspect plastique, lorgnant du côté du cartoon comme de l’anime, qui participe à créer un objet loufoque, visuel en diable et complètement barré. Je me souviens encore de ma première réaction face à la scène de danse du début devant le stand de brioche. Il s’agit typiquement du genre d’éléments qui vous font soit complètement adhérer au délire, avec second degré contractuel, soit évidemment trouver ça nullissime, pour peu que vous ne soyez pas dans l’état d’esprit.
Dans le premier cas il ne faudra pas plus de cinq minutes à SS pour vous séduire de par sa bonne humeur ambiante, portée par un pitch aussi coupable que séduisant, qu’un Stephen Chow toujours aussi sympathique vous donne à suivre avec le sourire en coin. Délires visuels, kung fu de photoshop, personnages barjes et référencés, caricatures détournant les stéréotypes pour mieux s’en moquer, et une Vicki Zhao qui cache bien son jeu s’en suivront.
Bon, puisqu’il faut tout de même être honnête, je ne vous cache pas que ça vole pas très haut et que les effets spéciaux, bien que malins et ancrés dans un contexte bien particulier, accusent un peu leur âge. M’enfin les gags font mouche assez souvent, et les dits effets ben… font toujours leur petit effet.
Outre son aspect délirant détournant les règles de la fiction sportive à coup de combos spéciaux et de techniques ancestrales, SS constitue ce dont on a tous un peu besoin ces jours ci : un divertissement décomplexé à prendre comme un rafraichissement, qui fait du bien à voir ne serait ce que parce que quelques fois c’est bon de débrancher le cerveau et de se rappeler qu’on est tous un peu con-con.
Enfin, c’est mon impression à Chow.