N'est pas Woody Allen qui veut

Cette critique contient des spoilers mineurs.

Étant fan hard-core de Dinklage, je m'inflige tous ses films, même quand la bande-annonce fait peur, même quand il n'y est que cinq minutes. Il faut savoir souffrir, parfois, pour être fan. Je ne suis jamais déçue par ses prestations (je le considère comme un des meilleurs acteurs de notre époque) mais je dois dire que ses choix de films me laissent perplexe et globalement triste.

L'accroche : Steven (Dinklage) est un compositeur qui a fait un burn out et est resté incapable de créer et phobique social. Il a épousé sa psy, Patricia (Hathaway), obsédée par le ménage et la religion. Patricia a un fils d'un précédent mariage, Julian, qui file le parfait amour avec Tereza. Steven rencontre par hasard une femme dans un bar, Katrina, qui vit et travaille sur un bateau de fret. Elle lui propose de visiter le bateau...

Sexymètre : quelques bisous, des filles en lingerie, c'est tout

Violencomètre : rien à signaler

Bechdel test : OK

Mon avis : Que vous aimiez ou détestiez le travail de Woody Allen, vous avez certainement dû voir au moins une des ses comédies de mœurs New-yorkaises (avec ou sans lui dedans mais, même quand il n'y est pas, il y est souvent quand même). Des couples s"y font et s"y défont, ou simplement se croisent, étalent leurs névroses chez le psy, échangent leurs visions bizarres de la vie à des terrasses de café chic sous forme de réparties piquantes à moitié philosophiques. Cette influence Allenienne se fait très (trop ?) nettement sentir dans She came to me. Malheureusement, le film ne parvient à être ni aussi amusant ni aussi spirituel que ceux d'Allen.

Les relations entre les personnages ne sont présentées que superficiellement, à la va vite, sans qu'on puisse voir les sentiments se développer. Et la trajectoire des deux jeunes, fade et classique, parasite celle des trois plus vieux, assez classique elle aussi. Du côté des plus vieux, le ton est plutôt à la comédie alors que, du côté des ados c'est un drame, ce qui rend le film bizarrement hétérogène. La fin est particulièrement mal amenée avec la conclusion rushée de l'histoire des deux jeunes et celle hyper artificielle des plus vieux.

Les personnages, pour la plupart névrosés, ne sont pas développés et, de fait, on ne s'attache pas à eux. Certains ont des bizarreries ou des TOC à la Allen mais sans que cela soit jamais suffisamment décalé pour être drôle.

Le film aborde différents thèmes sans en approfondir aucun (la création artistique, la dépression, la relation amoureuse, lutte des classes...). On ne sait pas vraiment au final quel est le message ou de quoi on veut nous parler.

La réalisation n'a pas d’intérêt particulier. Idem pour les scènes d'opéra, que j'ai trouvées plus malaisantes qu'autre chose. Les acteurs font de leur mieux. Hathaway est amusante au début, avant que son personnage ne parte en sucette. Dinklage est excellent, comme d'habitude, mais je déplore qu'il joue de plus en plus souvent son propre rôle de mec renfrogné, mal à l'aise socialement, qui se cache derrière sa grosse barbe, ses cheveux, son bonnet et tout ce qu'il peut. Tant de potentiel gâché, sérieusement, c'est lamentable. Point positif, sa taille n'est jamais mentionnée (news flash : on s'en fout qu'il soit nain). Il aura mis vingt ans à sortir du cliché.

Au final, à part les bonnes interprétations des acteurs, deux ou trois traits d'humour de situation et deux jolies scènes de tendresse parents / enfants, je ne garderai rien de ce film.