Beware the mutante
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Eh oui ce n'est pas pour rien que d'emblée je vous envoie à la figure un titre outrageant, ça s'appelle du teasing putassier. En même temps à moins que vous n'erriez comme moi dans la boutique d'un cinéma Mk2 rayon nanars de science-fiction, vous avez de grandes chances de passer à côté de ce film. Il vous suffit de constater l'incroyable nombre de notes sur la dite oeuvre pour vous en rendre compte : je vous le donne en mille, je suis le seul ! Et puisque je suis également un gars plutôt généreux, j'ai décidé de partager avec vous mon ressenti ô combien mitigé de l'affaire.
Nous sommes en 1957 et, ne vous y trompez pas, ce n'est pas sa date/son époque/sa morale reculée qui peut l'empêcher d'être critiquable, bien au contraire. Je rappelle juste au passage que Douze hommes en colère est sorti la même année ; ça vous donne un niveau de comparaison... Bref, nous avons donc droit à un récit de SF tout ce qu'il y a de plus classique, du moins en apparence : lors de recherches scientifiques en laboratoire, un médecin du nom de Dan Scott (pas lui, je vous vois venir avec vos références douteuses...) met au point un sérum qui aurait les propriétés de guérir plus ou moins toutes les maladies, les cassures et, raconte t-on, faire le café sans oublier de verser deux sucres. Confectionné à l'aide de gênes de drosophiles (ces immondes bestioles qui seraient capable de s'adapter à tout. D'ailleurs c'est bien connu elles sont immortelles, n'en déplaise à votre serviteur) et testé sur un tas d'animaux avec succès, le sérum est en bonne voie pour être utilisé sur un sujet humain. Concrètement, aux vues de la logique ambiante, il m'est difficile de vous dire précisément la somme des ingrédients de ce sérum (au cas où vous voudriez en préparer à la maison) aussi y ais-je mentalement vu le Dr Scott bourrer une centaine de drosophiles dans une éprouvette. Partons donc du principe que l'on ne devrait pas se poser de questions et avancer dans l'histoire...
Scott, aidé du Dr Bach son "colocataire" qui suit notamment une patiente atteinte de tuberculose en phase terminale, va trouver en cette dernière un parfait sujet d'expérimentation. Tout en mettant bien au fond de leur armoire leur éthique médicale, les deux compères décident d'injecter le sérum chez cette patiente, qui, miraculeusement n'a aucune famille, aucun amis (bien pratique en cas d'échec)... L'expérience s'avère être un franc succès et Miss Zellas, la tuberculeuse, guérit instantanément. Là c'est purement et simplement de la sorcellerie mais passons car en plus de la sauver, Scott et Bach ont commis là une terrible erreur... Ils ont fait de Zellas un être maléfique...
Et c'est là où le film devient légendaire.
Il devient légendaire dans le sens où, selon le film, une femme maléfique est une femme qui ne se laisse pas dicter sa conduite par un homme. Une femme maléfique est une femme ambitieuse qui aime jouer de ses charmes, qui séduit pour convaincre et arriver à ses fins. Une femme maléfique n'aime pas passer ses week-end à la campagne, elle préfère la ville. Une femme maléfique est blonde, elle peut aimer plus d'un homme. Une femme maléfique ment, quelques fois s'énerve, répond aux hommes... Une femme libérée du carcan masculin, une féministe dirais-je même est une femme maléfique. Voilà le message que nous laisse She Devil, et je n'exagère absolument pas. C'était quand le droit de vote des femmes, rappelez-moi ? Oh je vous entends déjà me lancer l'argument : "les mœurs de l'époque et tutti quanti''. Désolé mais ça, à aucune époque ce n'est acceptable.
Le film est truffé de ce genre d'éléments sexistes en assumant pleinement son propos, la fin ne martelant cette idée qu'une bonne fois pour toute : après que Zellas ait effectué son petit bonhomme de chemin en tant qu'être maléfique (elle tue bien deux personnes mais la première n'est qu'un obstacle à sa réussite et le second un mari violent), elle est piégée par les docteurs Scott et Bach à leur domicile. Usant d'une logique scientifique absolument nanardesque (même si le tout est dit avec tant de sérieux qu'on ne se pose presque pas la question), les deux larrons parviennent à l'endormir et a effectuer sur elle une opération visant à la débarasser de ces idées démoniaques d'indépendance pour redevenir une bonne femme au foyer modèle. Comble de malchance pour le Docteur Scott qui avait un petit béguin d'adolescent pour la donzelle, celle-ci, une fois guérie, retombe dans la maladie et décède aussitôt...
Vous pouvez faire toutes les interprétations du monde je ne pense pas être loin de la vérité. Après si l'on met de côté son message douteux, She Devil n'est pas vraiment un mauvais film, c'est à peine de la science fiction à vrai dire. Le film est plutôt bien réalisé compte tenu de son budget limité. Les acteurs sont assez convaincants dans l'ensemble, Zellas incarne d'ailleurs fort bien les femmes fatales. Tout n'est pas à jeter comme vous vous en doutez.
Pour les petits curieux qui n'auraient pas envie de débourser un penny pour regarder le film, il est disponible ici, par contre c'est une version originale sans sous-titres.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2016, je vais sucer la moelle du cinéma
Créée
le 26 févr. 2016
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