Ce film est délicat à traiter pour plusieurs raisons. D'une part, il s'agit d'un premier film donc il était évident qu'on ne puisse pas taper juste à tous les coups. Et évidemment, un premier film récompensé au Festival d'Angoulême et qui a été sélectionné pour la semaine de la critique à Cannes, il va diviser entre tous ceux qui trouveront le film incroyable et d'autres qu'il s'agit d'un drame rempli de cliché. Mais histoire d'être juste et ne pas surcoter le film ni tombé dans le camp du ni-ni, j'ai décidé de le critiquer avec du recul. Déjà on va dire tout de suite, le film était sympathique. Mais il y a des choses à dire.
Une réalisation avec pas mal d'idées
Dans les faits, le film est dans la lignée des films du style La Tête Haute , à savoir un film avec un garçon difficile avec une mère forcément démissionnaire. Sauf que cette fois, cela se passe à Marseille. Cela dit, dans les faits, le film essaye de s'en détacher afin de créer une romance entre 2 adolescents paumés. Visuellement, le film a pas mal d'idées. On sent l'aspect poisseux de Marseille, même si le faite de mettre le début avec les images d'archives de Marseille est en trop. Je comprends les intentions, mais cela ne sert à rien dans le film. C'est même dissonant. Le mieux était d'exposer le passé de Zack. Et même si, c'est pour montrer que les images d'archives sont faits pour montrer que la ville de Marseille est vivante, euh...on parle d'une fraction de la jeunesse de Marseille dans le film...ça sert à rien. Donc à part le début vraiment sans intérêt, le reste est mieux maîtrisé où on a vraiment un jeu de couleurs la nuit assez intelligent. Il y a même des scènes qui fonctionnent très bien au niveau du visuel.
La scène entre Zachary et sa mère est vraiment bien pensée avec la conversation vu à travrers le miroir. Le film nous place vraiment dans la conversation où on est pratiquement dans la diégèse du film au lieu d'en être que spectateur
Je trouve ça bien que le film soit parsemé de petites idées visuelles qui montrent qu'on a un auteur en devenir derrière la caméra. Même si à coté, le film est très verbeux (pas aussi verbeux que Darkest Mind mais quand même). Donc oui, le réalisateur débute, mais l'ensemble est visuellement efficace (sauf le début). En revanche, pour les personnages...ok
2 paumés dans la prostistution
On va juger les personnages en mettant de coté que tous les acteurs sont de base pas des comédiens professionnels. Parce qu'au niveau du jeu d'acteurs, mise à part le héro qui est hésitant et son meilleur pote qui cabotine, je les trouve assez dans le ton.
Zack (Dylan Roberts) est un personnage similaire Steve de la Mommy ou Maloni de la Tête Haute. Sauf qu'au lieu d'avoir un garçon hyperactif ou avec des problèmes de gestions de la colère. Ici Zack est un voyou qui veut faire ce qu'il veut s'en se soucier des conséquences et de son avenir. Et c'est un poil le problème du personnage. Il n'a aucun but. Tout ce qu'il veut est d'être avec Shéhérazade vivre avec elle alors qu'elle même se prostitue. Il faut reconnaître que sa mère au début est elle même sans emploi et même un de ses meilleurs potes ne savent pas quoi faire pour l'aider. Même lui ne sait pas et ne cherche que des opportunités. Même à la fin, il n'a pas vraiment de but non plus à part être avec Shéhérazade.
Elle en revanche (Kenza Fortas) est un personnage qui se révèle plus intéressant sur le tard. C'est une fille qui a aussi fugué et qui se livre dans la prostitution car elle n'a pas d'autres choix. Elle est attachée à Zack mais contrairement à lui n'aime clairement pas cette situation. Mais fait avec. Evidemment, son développement est assez attendu est prévisible.
Le meilleur ami de Dylan, son "collègue" Ryad (Idir Azougli) est le meilleur pote qui comme Zack ne connait que la rue avec le regard parsemé de préjuger sur les prostitués. Evidemment, il en profitera ce qui va mettre fin à leur amitié.
L'autre personnage que je trouve intéressant est Medhi qui oui est une sorte de petit caïd mais essaye de préserver de la cohésion. Les autres sont peu ou prou satellites. Il y a bien la mère qui évolue bien en cours de film, ce qui je trouve est une excellente idée. Habituellement, dans ce genre de film, les parents sont les derniers à vraiment évoluer, alors qu'ici elle veut le bien de son fils. Juste qu'elle ne choisit d'un point de vue extérieure pas d'une façon qui lui plait. Par contre la colocatrice de Shéhérazade elle aussi prostituée est assez secondaire à l'intrigue mais bon.
Une romance dans nuit marseillaise
Le film en terme de romance est assez mal écrit. Les 2 personnages se lient bien trop vites (plus vite que dans 50 Nuances de Grey). Cependant le film devient pertinent dans l'évolution de leur relation qui est très intéressante. Zack la considère comme sa meuf alors qu'au début, même s'ils ont été camarades de classe par le passé, il l'a considère comme une personne avec qui il peut se rattacher et être à l'abri financièrement. Evidemment, la réalité va vite les rattraper et il admettra ressentir des sentiments plus profonds. Néanmoins, ce qu'on n'avait pressenti dès le départ arrive. Du coup, l'histoire est prévisible mais c'est dans le traitement qu'il arrive à se démarquer. Cela dit, le film dans la résolution est trop verbeux. C'est le même problème qu'Hippocrate. On explique à la fin du film l'évidence même et que Zack était trop aveugle pour s'en rendre compte. Du coup, dans le film cela lui permet de faire en sorte qu'il ait une autre vision des choses et de prendre sa décision finale, sauf que dans le cinéma ça ne fonctionne pas vraiment. La règle du show don't tell n'est absolument pas respecté. Et c'est encore plus flagrant avec des films aux thèmes similaires qui gèrent mieux ce genre de problème. Du coup, on sent que le réalisateur est hésitant sur la direction que l'histoire prend en la réduisant au strict minimum au niveau des rebondissements. Tout est attendu et prévisible. Cela dit, on reste quand même investi sauf dans l'épilogue qui est au final attendu au possible. De plus je reste assez mitigé à la fin dans la mesure où, il s'agit d'un reflet du début avec un dénouement plus ouvert et optimiste.
Un drame social peut-être trop simpliste
Le film est au final une chronique de la vie à Marseille assez moyen malgré de bonnes idées. On suit le film plus pour les personnages que l'histoire somme toute anecdotique et sans réels rebondissements marquants. Bref, je reste assez partagé par ce film, du 50/50 avec un zeste de sympathie pour les personnages. Toutefois je reste assez curieux pour la suite de la carrière du réalisateur. Il parait qu'il a comme projet de réaliser une histoire fantastique.