Sherlock Holmes est dans une phase décisive de son enquête sur le professeur Moriarty, le "Napoléon du crime" tel qu'il le surnomme, sa némésis criminelle qui n'envisage rien de moins que l'éclatement de la première guerre mondiale à son propre profit, à coups d'assassinats et d'attentats pseudo-anarchistes à travers l'Europe. Watson est réticent à le suivre vu qu'il s'apprête à se marier, mais il y sera bien obligé, car il est lui aussi ciblé.
Loin de moi l'idée de crier au chef-d'oeuvre (j'ai pas envie de bosser à L'Ecran fantastique), au navet steampunk non plus, on est loin de Wild Wild West et de la Ligue des Gentlemen extraordinaires. Si vous y allez pour voir un festival d'action décomplexée (ça et le joli minois de Kelly Reilly en ce qui me concerne) sur fond de steampunk et de musique tzigano-irlando-western, vous serez amplement servis, on trouve ici les lieux communs des suites de blockbuster dans toute leur splendeur, de l'artillerie lourde ... au propre et au figuré. Ce Holmes-là pratique toujours les arts martiaux (Conan Doyle n'a fait mention du baritsu qu'une fois, là ils nous sortent des démonstrations de wing chun dignes de Ip Man, pas vraiment anachronique mais hautement improbable en Angleterre en 1891). Toujours les mêmes ressorts comiques (Downey Jr pareil à lui-même, toujours plus farfelu), on prend le couple quasi-gay du précédent et on double la dose de sous-entendus, et encore ces gimmicks où Holmes ralentit le temps pour imaginer la séquence de tatanes qu'il va infliger à ses adversaires, ça casse le rythme à force mais c'est plutôt inattendu de voir son ennemi s'y adonner exactement en même temps que lui, un genre de combat de pensées surréaliste. Il semble que Guy Ritchie ait pris le parti exactement inverse de nombre de films d'action actuels tellement rapides qu'ils n'en sont pas lisibles en ralentissant à mort la séquence de fuite dans les bois, drôle d'idée mais un peu vaine. Un léger effort a été fait pour rendre Sherlock moins infaillible dans ses déductions néanmoins.
On s'éloigne toujours plus de Conan Doyle même si on peut déceler ici ou là quelques éléments inspirés du canon des nouvelles (le colonel Moran, le tireur d'élite, ne vous en déplaise, est tiré de "L'Aventure de la maison vide", la fin évidemment calquée sur le "Problème final" avec aussi les dernières lignes de la nouvelle récitées par Jude Law, ou les jeux diplomatiques préfigurant la guerre de 14 de "Son dernier coup d'archet"), c'est amusant à repérer pour qui s'intéresse un tant soit peu aux aventures du vrai Holmes sur le papier, c'est toujours ça de pris.
Un regret majeur au sujet de Rachel McAdams, elle a été bazardée de manière vraiment trop brève et indigne pour faire de la place à Noomi Rapace, plus fade et qui n'a pas grand-chose de spécial.
Et un autre, mineur et chauvin celui-là : cela en valait-il vraiment la peine de bloquer le centre historique de Strasbourg pendant deux jours pour à peine 10 secondes de film ... scènes coupées en goodies pour le DVD / Blue-Ray sans doute (toute la place de la cathédrale avait eu droit à un petit lifting XIXème siècle alors qu'on ne voit que le parvis à l'écran...).
Ça ira pour cette fois, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde.