Il aura fallu attendre 2 ans pour que Sherlock Holmes, le plus célèbre des détectives revienne dans un épisode spécial ! Celui-ci a la particularité de proposer une enquête totalement inédite se passant au 19e siècle (l’époque des livres), contrairement aux épisodes habituels qui proposaient des intrigues inspirées des romans se passant à notre époque. Avec Sherlock :l'effroyable mariée, les showrunner Mark Gatiss et Steven Moffat reviennent comme pour Le chien de Baskerville, à un genre fantastique. L'attente aura-t-elle valu le coup ? Retournons ensemble au 221 B Baker Street pour décortiquer cette nouvelle aventure.
Dès les premières minutes qui suivent le générique, c'est le mot immersion qui vient en tête. Le Londres enneigé version victorienne, les fiacres, les décors, les costumes, la voix off de John Watson, etc… Esthétiquement tout est réuni pour rappeler l'esprit des romans, c’est une fidèle réadaptation visuelle de ce que nous avons eu l'occasion de lire, un élément fortement appréciable pour tous les lecteurs de Sir Arthur Conan Doyle.
Après cette introduction parfaitement réussie, nous voilà prêt à entreprendre cette nouvelle investigation, encore une fois les scénaristes nous surprennent par la qualité d'écriture et donnent à leur intrigue une richesse de tout premier ordre en combinant les genres. Passant du fantastique / gothique dans un premier temps, ils n'hésitent pas à perturber leurs spectateurs en délaissant l'enquête pour entrer en profondeur dans la psyché de son héros, explorer ses faiblesses et jouer avec les différentes époques en mélangeant passé et présent.
La torture psychologique du personnage additionné à des voyages dans le temps, on déborde clairement sur du mindfuck. Une narration qui exige donc de la part de son spectateur de l'attention et de la concentration quant à ce qu'il se passe à l'écran pour éviter d'être laissé sur le bord de la route. À cela s'ajoute une petite touche politique, en pointant du doigt la position de la femme à cette époque, mais aussi une façon pour les scénaristes de faire amende honorable par rapport à l'abus de confiance et la cruauté verbale dont Sherlock fait preuve à l'égard de la gent féminine dans les saisons précédentes. Cette ambition scénaristique que Steven Moffat et Mark Gatiss nous offrent, est emballée par un super paquet cadeau, en faisant une nouvelle fois pas mal de clin d'œil à l'œil à l'œuvre littéraire (les cinq pépins d'orange, les chutes du Reichenbach, etc…)
À propos des protagonistes, nous retrouvons évidemment tous ceux qui contribuent au succès de la série tel que Mycroft Holmes (Mark Gatiss complètement métamorphosé pour l'occasion), Marie Morstan, Madame Hudson , Lestrade, etc…
Revoir Sherlock et Watson est un pur bonheur, la complicité des deux personnages transcende l'écran, leur duo se basant sur la complémentarité et l'attachement affectif en font encore une fois, au-delà des affaires criminelles, le moteur et la force non seulement de ce spécial noël, mais de l’œuvre dans son ensemble. On sent que Benedict Cumberbatch et Martin Freeman prennent un réel plaisir à se retrouver. Le respect des romans veut que leur relation soit beaucoup plus formelle, en s'appelant par leurs patronymes et non plus par le prénom. Les qualités du rôle de Watson eux restent intact, il n'est pas qu'un simple assistant, mais participe activement à l'intrigue.
Concernant les performances des deux acteurs principaux, ils sont toujours aussi excellents et très à l'aise dans la peau de leurs personnages. Pour Sherlock, les accessoires tels que la pipe, la casquette ou la loupe apportent un plus dans sa prestation et en font la parfaite représentation physique de ce qu'est le Holmes de 1895. Sa gestuelle est tout aussi fidèle et son débit rapide démontre la vitesse à laquelle il pense.
Quant aux personnages secondaires, ils donnent à Sherlock l'occasion d'exploiter son côté ironique et contribuent à l'humour qui a toujours été un des points forts du show.
Les petits manques que l'on peut trouver dans cet épisode, sont pour ma part de l'ordre du subjectif, ils sont principalement basés sur ce que j'aurai aimé voir, au vu de l'opportunité offerte d'observer notre détective dans son contexte historique originel.
Souhaitant une aventure 100 % victorienne, dans un premier temps, je n'ai pas totalement adhéré à cette alternance temporelle qui m'a fait sortir de l'histoire quelques secondes avant de m'y habituer et d'accepter ce parti-pris, mais force est de reconnaître qu'il est diablement efficace et forcément utile pour la compréhension de l'histoire proposée.
J'aurai souhaité également retrouver dans le récit, lors de la réception des télégrammes, l'analyse que Sherlock fait du papier, de l'enveloppe, du timbre, de la police d'écriture, etc… Des éléments de départ qui lui permettent d'en savoir plus son interlocuteur avant même de l'avoir rencontré et que personnellement, je trouve intéressant, car cela permet une nouvelle fois de constater son brillant esprit d'analyse et de déduction.
Un dernier point m'a manqué, c'est la voix off de Watson en tant que narrateur, elle est présente au début, cependant j'aurai apprécié qu'elle accompagne plus longuement le récit.
Évidemment tout ceci relève du détail et n'entache en rien le plaisir que l'on a de suivre cette nouvelle aventure.
Sherlock: l'effroyable mariée, est plus qu'un épisode à part entière dans laquelle une enquête supplémentaire est fournie pour satisfaire les fans en attendant la nouvelle saison. Vous vous rendrez rapidement compte que cette histoire s'intègre parfaitement dans la chronologie des saisons précédentes. Les showrunner ce sont surpassés pour nous offrir une intrigue digne de ce nom ! L’introspection réalisée par notre détective consultant favori, s’annonce prometteur pour son développement personnel ainsi que pour la suite des évènements.