Le retour du Roi des lézards tyrands

Hideaki Anno. Voilà un nom qu'il fait plaisir d'entendre quand on parle d'un monstre titanesque rasant le Japon ! Godzilla est de retour dans son propre pays : "Shin Godzilla" est un reboot 100% japonais de la licence, permettant un retour au source au combien nécessaire pour ce symbole monstrueux.

Je pense que le grand coup de force du film, c'est le parti pris de suivre l'administration japonaise face à la crise, pour au passage lui mettre un énorme tacle. Parce que oui, si le Godzilla de 1954 est la manifestation de la peur nucléaire suite à la bombe H, le Godzilla de 2016 est le spectre de l'accident nucléaire de Fukushima. Et voir la façon dont les politiciens réagissent à une menace inconnue est instructive : Des réunions, pleins de réunions. Le pays s'enlise dans une mélasse protocolaire alors que des solutions peines à êtres trouvées, avant que le rythme s’accélère drastiquement.

Pour ce qui est de l'aspect technique, il y a une véritable volontés de rendre hommage au film de Tomoyuki Tanaka, avec notamment l'utilisation de marionnettes, maquettes et costumes, avec tout de même un peu de CGI. Le résultat est très propre pour ce qui est de Godzilla et des scènes de destructions massives. D'ailleurs, on notera la patte de Anno, avec certains plans qui ne sont pas sans rappeler son travail sur Neon Genesis Evangelion.
Le reste du film est également soigné, avec parfois des fulgurances de mises en scène et de placement caméra.

La bande son est merveilleuse, avec des réutilisation d'anciens thèmes de Godzilla, d'autre morceaux très EVA-esque, et des pièces inédites très à propos. Il y a une majesté morbide dans ce saurien, qu'il soit pataud sur le ventre ou en train de cracher des trompes de feu.

On reprochera cependant au film d'être un peu verbeux. De plus, je trouve que même si Godzilla est une force inarrêtable et titanesque, il manque un petit quelque chose pour en faire vraiment un élément terrorisant. Peut être est-ce le fait que l'on en sache que peu sur lui ? Je ne saurais dire précisément.

Dans tout les cas, c'est un reboot très fidèle à l’œuvre originale, qui parvient cependant à moderniser le propos et à poser des bases saines pour une éventuelle suite de license. Le "Véritable" Godzilla est de retour, après de trop nombreuses frasques de l'autre coté du pacifique.

PS : On appréciera la Deus France Machina !