J'ai essayé de mettre 8 à Shining.
J'y ai mis tout mon coeur, je le voulais vraiment.
Mais non, rien à y faire, je ne peux pas.
J'avais même mis un 8 de mémoire, lorsque je notais frénétiquement tous les films que j'avais déjà vu, peu après mon inscription sur SC pour me constituer une première banque de notes. Mais rapidement ma démarche a changée et j'ai pris l'habitude de ne noter que les films que je venais juste de voir, ou revoir.
Ce soir là donc je lance Shining en m'imaginant parfaitement mettre ce 8 de circonstance, mais à l'issue du générique, impossible. Même au cours du film je commençais gentiment à me poser des questions sur mon 8: "C'est bien, c'est sûr, mais pourquoi pas juste 7...?"
J'avoue ne pas bien saisir le culte voué à ce film, je n'ai pas ressenti d'effroi insoutenable, l'ambiance est certes lourde et bien appuyée, mais toutes ces questions sans réponses m'ont laissées un peu dubitatif.
Je ne saurais nier les qualités du film, qui font d'ailleurs que j'estime qu'il mérite un 7, mais là où d'autres crient au génie, je ne vois qu'un film efficace dans sa démarche, multipliant les effets de style pour hypnotiser le spectateur dans des questionnements et analyses sans fins.
Si les analyses sont sans fins, c'est peut être parce qu'il n'y a rien de bien concret à y déceler, et que chacun peut y mettre un peu de soi-même. C'est probablement cela qui fascine tant les universitaires.
Mais que ce soit en y abordant le thème des indiens et du cimetière sur lequel l'hôtel est construit, le parallèle freudien, l'alcoolisme de Jack ou les êtres "shiny", tout est survolé et rien n'est approfondi.
On aura beau analyser, décortiquer et faire des cours magistraux de quatre heures sur une séquence ou l'autre du film, le cinéma est un média de rythme et qui s'inscrit dans le temps. Si l'on ne transmet pas au spectateur notre message, notre œuvre, d'une traite et dans le temps imparti du film, alors c'est qu'on a pas choisi le bon média.
Ici je ne dis pas que Kubrick s'est trompé de média, je m'interroge simplement sur la pertinence des regards ébahis sur ce Shining, qui lui font dire, à mon humble avis, bien plus que son propos d'origine.