Un terrifiant chef d’œuvre, sombre comme le labyrinthe où s’égare un Jack Nicholson paranoïaque aux prises avec les cauchemars de son passé.
Riche de sens, ce film part d'un sujet central : la famille américaine "ordinaire" et la force de son génie est de faire dévier cette famille vers la folie , le crime, la barbarie . Jack devient paranoïaque animé d'une mégalomanie particulière : sa mission étant de mener son grand œuvre à bien ( un livre) en même temps que son travail de gardien. Mais la folie paranoïaque est déjà présente dans l'Overlook. Comme si elle était annoncée dans le prologue d’ouverture : un travelling saisissant où la caméra vole sur le glacier du Montana et suit une voiture. Elle roule sur une route sinueuse, jusqu'à à l’Overlook, en laissant ainsi derrière elle un étrange sillage. En fond musical, une musique de Berlioz, « le jugement dernier » de La Symphonie fantastique. Prémonitoire, ces traces sont celles d'événements passés que pas n’importe qui ne peut voir. Lorsqu'il apprend que le précédent gardien a tué sa femme et ses deux jumelles avec une hache avant de se suicider, Jack n’aura de cesse de prendre la place de cet homme. Point de bascule du film, à partir duquel Jack s’emploiera à pourchasser sa femme Wendy et son fils Danny ( qui est doté d'un compagnon imaginaire et a le don du shining, c'est à dire qui voit ce que les autres ne voient pas) avec une hache. Jack est comme aspiré par l’hôtel, projeté dans un passé lointain. Ce sont des images de sang et de fantômes , de corps décomposés que voient père et fils. Le délire paranoïaque prend son sens dans la scène du labyrinthe ( qui représente son cerveau) sa désorientation, le caractère infini de son délire, et le piège dans lequel il s'enferme lui même.