Stephen King ≠ ambiance dégueulasse !!
Serait-ce parce que j'éprouve une méfiance maladive à l'égard des adaptations des livres de Stephen King ? Ou parce que Stanley Kubrick possède un style de réalisation qui me met mal à l'aise et auquel je n'accroche pas facilement ? Ou bien parce que ce film a des défauts ? Toujours est-il que je n'ai tout simplement pas aimé Shining.
Bien sûr, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est du mauvais boulot : d'abord parce qu'un lynchage par les fans de Kubrick me guetterait, ensuite parce que ce serait de la mauvaise foi. On peut (bien évidemment) citer la performance de Jack Nicholson ; la réalisation froide, angoissante, oppressante de Kubrick ; les décors, la lumière (qui m'a particulièrement marqué, je ne saurais dire pourquoi), l'ambiance générale, la photographie etc. Ce film a énormément de qualités, je ne peux pas le nier.
Mais énormément de choses me gênent. Commençons déjà par les acteurs : Jack Nicholson joue un rôle quasiment taillé pour lui, donc de ce côté-là pas de souci. Il apporte une dimension psychologique assez bienvenue étant donné que les autres acteurs sont quelque peu faiblards là-dessus. Mais je le préfère amplement dans son rôle précédent, dans Vol au Dessus d'un Nid de Coucou (il incarnait un taré, certes, mais sa folie avait un sens, alors qu'ici, on a l'impression qu'il est taré... ben... juste parce que c'est Jack Nicholson, en fait !)
Venons-en à Danny Lloyd et Shelley Duvall, qui incarnent respectivement le petit Danny et sa mère, Wendy. Les maladresses dans le jeu du gosse sont facilement pardonnables, étant donné son âge (5/6 ans, si mes souvenirs sont bons), et je crois même qu'il n'a jamais su qu'il jouait dans un film d'horreur avant d'avoir 16/17 ans, on peut donc comprendre qu'il manque un peu de conviction. En revanche, je trouve que Shelley Duvall n'était pas le choix idéal pour incarner Wendy... Au niveau physique, peut-être, ou au niveau de son jeu ? Donc un casting bancal et aux choix assez étranges.
Bien sûr, les différences avec le livre sont frappantes, Stephen King lui-même s'en est plaint. Mais au-delà de cela, il manque vraiment tout le développement des personnages : Jack, l'écrivain démiurge, n'est pas tombé d'un seul coup dans la folie, c'est le résultat d'un long cheminement, d'une longue descente aux enfers. Avant d'être un fou furieux alcoolique et assoiffé de sang, c'était un père aimant, attentif... Ici, il semble basculer brusquement, sans que l'on sache trop pourquoi.
L'ambiance est glauque et flippante à souhait, là-dessus pas de problème. Mais je ne sais pas si Kubrick a bien saisi que l'univers de King s'étendait au-delà d'une simple atmosphère morbide.
Donc un film qui mériterait bien un remake, autant dans la forme que dans le fond, et aurait dû accorder plus d'importance aux évolutions des personnages plutôt qu'à l'ambiance générale (qui reste extrêmement perturbante, on ne peut pas lui enlever ça... C'est du Kubrick, après tout !)