L'histoire de Shirin et Kosrow est très connue en Iran. Mais, plutôt que de l'adapter directement, Kiarostami nous propose ce parti-pris original : filmer les visages des spectatrices pendant la projection d'un film racontant cette histoire. Nous n'avons donc que la bande-son du film .Et, vu la qualité des dialogues et de l'interprétation, on regrette de ne pas avoir l'image. En fait, le "film dans le film" a été enregistré en studio par les comédiens comme s'il s'agissait d'une pièce radiophonique (donc avec ambiance sonore et illustration musicale).
On pourra remarquer que les dernières répliques de cette oeuvre, prononcées par Shirin, rappellent étrangement celles de Juliette chez Shakepeare : soit Kiarostami l'a fait, parce que pour la compilation Chacun son cinéma, il avait réalisé un court métrage sur le même principe, où le film regardé était une adaptation de Roméo et Juliette, soit ce texte du Moyen Age a circulé (traduction, adaptation etc) et a inspiré/influencé des auteurs occidentaux, puis Shakespeare. (NB l'histoire n'a rien à voir avec celle de Roméo et Juliette, sauf cette scène finale)..
A noter que les spectatrices filmées sont en fait des actrices iraniennes (plus Juliette Binoche) jouant un rôle, et que dans la salle, parmi toutes ces femmes, on aperçoit quelques hommes. Plutôt audacieux pour un film censé représenter une projection dans une salle iranienne...