« Shirley » est un véritable feu d’artifices. D’abord, l’artifice visuel reposant sur l’animation, au détail près chaque toile de Hopper (il y en a 13 retenues) et d’en imaginer même contextuellement les minutes qui précèdent et succèdent à la pose. Jusque là, c’est techniquement parlant sublime. Mais, comme tout feu d’artifice, après l’effet de surprise et une redondance technique, l’œil se lasse, le plaisir de l’esprit s’estompe. Ce n’est pas un souci en soi quand cela dure, au plus 15 minutes, c’est beaucoup tendancieux quand cela se traîne sur une 1h30. Le seul univers de Hopper, tout animé qu’il soit, ne suffit plus à capter l’attention. Gustav Deutsch devait donc trouver l’artifice qui consiste en un habillage global et cohérent. Force est de constater qu’il s’est ramassé lamentablement. Car l’histoire de son actrice (qu’on accompagne des années 30 à 60) qui se livre en voix off, n’est en fait qu’une suite de longs palabres, chichiteux, et pédants à la Somerset Maugham sur la vie, l’amour, la mort. Ce récit en creux est sensé donné du liant entre chaque scène. Il s’agit plutôt d’un rapiéçage grossier et, soyons franc, particulièrement ennuyeux. Avec un tel prouesse technique et ce potentiel esthétique, il aurait fallu trouver une structuration narrative plus formelle et solide. Au générique de fin, on a la fâcheuse impression d’un gâchis monumental face à ce pseudo film-objet d’art, chicos et branchouille. Malgré ses défauts et son côté parfois abscons, on retiendra plus aisément le film de Lech Majewski, « Bruegel, le moulin et la croix » qui en 2011 lançait ce concept de toile qui s’anime, ne retenant lui qu’une seule œuvre du maître flamand. Le résultat tant par son approche visuelle que contextuel était saisissant. « Shirley, visions of reality » ne restera dans les mémoires que comme un film gadget. La déception est énorme !