Symphony of the New World
Shoot the Sun Down, c'est le Western d'auteur qu'on ne voit pas venir : minimaliste, conceptuel, avec un casting quatre étoiles de stars en devenir, notamment Christopher Walken dans ses débuts.
L'histoire est incompréhensible, on croise pêle-mêle un Capitaine sans navire, une femme-esclave, un chasseur de scalps, un conquistador égaré, et la montagne d'or de Moctezuma. Les scènes sont filmées de très loin, et avec des perceptives écrasées, ou des acteurs hors champ. Les décors sonnent faux, depuis l'hôtel propret du début, jusqu'à l'étrange village abandonné de la deuxième moitié. David Leeds filme souvent des terres jonchées de cadavres d'Indiens, et parfois, il neige dans le désert du Nouveau-Mexique.
Véritable purge ? Pas tout à fait, on sent qu'il y a quelque chose derrière. Les acteurs sont irréprochables, l'esthétique du film est maîtrisée, et l'ambiance musicale est particulièrement réussie. Certaines scènes sont bourrées d'un humour noir presque malsain, comme lorsque Mr. Rainbow annonce à son ami Indien qu'ils se retrouveront bientôt à Fort Alamo.
C'est un Western radical, comme en n'en voit jamais : les personnages agissent mais ne parlent pas, Christopher Walken a peut-être dix lignes dialogue dans tout le film. Traiter un Western comme un huis clos, dans lequel se rencontrent des personnages tous opposés, et qui poursuivent chacun un but différent ... il fallait oser.
Enfin, Shoot the Sun Down met en scène des massacres d'Indiens très nombreux (et très crus). Quand on s'aperçoit que l'activiste Sacheen Littlefeather figure également au casting, le film prend une autre signification. Dommage que toutes ses scènes aient été coupées au montage, notamment sa romance avec Mr. Rainbow.
Shoot the Sun Down est un film bourré de bonnes idées, mais inachevé en l'état : très cérébral, mais également bien potache avec un cow-boy qui lance des shurikens, ce premier (et unique) film de David Leeds réussit l'exploit d'être en marge de tout, complètement à part. Dans des interviews récentes, le réalisateur reconnaît que certaines scènes sont un échec sur le plan technique, et que le final cut lui a échappé. Mais même s'il est très raté, Soot the Sun Down vaut finalement le détour.
Il faut le voir pour le croire.
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