Premier avertissement : si vous n'avez pas envie de voir des bites, des chattes, des seins en gros plans et des partouzes, passez directement à un autre film.

Deuxième avertissement : si le cinéma new yorkais indépendant vous donne envie de vomir, passez directement à un autre film.

Ceci étant dit, Shortbus est un film d'amour, avec un grand A même. Sofia est sexologue et aimerait bien avoir un orgasme. Jamie & Jamie sont un peu le couple parfait avant que Ceth viennent emménager avec eux, ce qui déstabilise quelque peu Caleb, leur voisin voyeur. Puis il y a Severin aussi, maîtresse dominatrice qui voudrait une maison et des chats.
Tous ceux-là vont se croiser, discuter, partager des orgasmes (ou pas) dans un New-York post 11 septembre.

C'est le deuxième opus de John Cameron Mitchell (réalisateur du magnifique Hedwig and the angry inch) et il réussi une fois encore à montrer l'humanité sous son meilleur jour avec une générosité débordante à laquelle on ne peut qu'adhérer.

La maitresse des lieux de Shortbus, sorte de club undergroung où on trouve en vrac un club lesbien, une salle de sexe, des performances musicales, une salle de cinéma... résume d'ailleurs assez bien l'ambiance : "C'est comme les sixties, l'espoir en moins." Pas de drogue, pas de défonce ici, mais des vies réglées comme des métronomes dans lesquelles chacun est un peu malheureux, seul surtout, et cherche à être connecté aux autres.

Car le 11 septembre est passé par là, Ground Zero n'est jamais bien loin, et la réalité est grisâtre. La peur de blesser l'autre, la peur de l'autre tout court est bien présente, celle de ne pas être dans les normes, de ne rien ressentir, de ne pas réussir à communiquer, aussi.

Alors il reste le Shortbus. Monde à part que le réalisateur accompagne d'un décor de New-York en animation, qui s'éclaire et s'éteint au gré de l'humeur de Sofia. Et au Shortbus tout devient possible.

Plus de freaks, plus de blocages, plus de réalité, juste un cocon protecteur où chaque personnage espère trouver ce qui pourra enfin le rapprocher des autres et le faire sortir de sa bulle. Dans un placard en pleurant, sur un canapé en faisant l'amour ou en chantant avec une fanfare tout droit sortie de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.

Le sexe est enfin décomplexé et montré d'une manière naturelle, très joyeuse. Mention spéciale à Jamie qui chante l'hymne américain dans un cul et à la perte de la télécommande de l'œuf vibrant de Sofia qui lui donne des sensations pour le moins étranges. Mais la recherche du plaisir charnel et sensuel s'accompagne aussi pour les personnages de la recherche de l'être aimé ou des êtres aimés, ou d'un moment où ils se sentent simplement bien et vivant, eux-mêmes.

La musique du film est enivrante, la réalisation de Mitchell très classique mais efficace et on sort de Shortbus tout léger en se disant que rien n'est grave.

Merci :)
Miho
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 18 déc. 2010

Critique lue 4.2K fois

46 j'aime

1 commentaire

Miho

Écrit par

Critique lue 4.2K fois

46
1

D'autres avis sur Shortbus

Shortbus
Galaad
3

Critique de Shortbus par Galaad

Si votre emploi du temps ne vous permet pas de laisser filer inutilement 1h30 mais que vous désirez tout de même vous faire une idée sur ce Shortbus,, alors visionnez simplement la scène d'ouverture,...

le 27 oct. 2010

22 j'aime

3

Shortbus
Velvetman
8

Les démons de minuit

Le cadre libérateur qu’offre Shortbus est à la fois euphorisant, et dévasté par la quête existentielle qu’entreprend tout un chacun, au travers de cette jeunesse déjà adulte, voire ces « adulescents...

le 20 juil. 2014

19 j'aime

Shortbus
RobertJohnson
7

"They're eating asses and sucking cocks,and then they show at the buffet and say they're vegan"

Auriez-vous pu imaginer voir un jour dans un film (ou dans la vraie vie, d'ailleurs) un type chanter l'hymne américain dans un anus pendant que son "collègue" se sert d'un pénis en érection comme...

le 11 déc. 2013

16 j'aime

Du même critique

Take Shelter
Miho
5

Protège-moi

Après son remarqué Shotgun Stories, Jeff Nichols fut consacré cette année lors de la Semaine de la Critique à Cannes avec Take Shelter, chronique sociale et familiale matinée d'ambiance paranoïaque...

Par

le 13 juin 2011

65 j'aime

7

L'Important c'est d'aimer
Miho
9

Love me two times

" L'important c'est d'aimer " est à remettre dans son contexte. 1972, Zulawski réalise " Le diable " en Pologne, qui tombe sous le coup d'une censure très violente. Il décide de venir tourner en...

Par

le 14 févr. 2011

57 j'aime

3

Hellraiser - Le Pacte
Miho
4

"Les Cénobites tranquilles" était déjà pris.

S'il y a une figurine qui trône en bonne place sur les étagères de tous les adeptes du cinéma d'horreur, c'est celle de Pinhead. Dépassant même souvent Jason ou Freddy, le leader des Cénobites jouit...

Par

le 31 mars 2011

47 j'aime

2