Premier film de Jeff Nichols Shotgun Stories nous emmène dans un bled paumé de l’Arkansas suivre trois frères qui entreront en conflit avec leurs demi-frères, provenant d'une nouvelle famille qu'avait fondé leur père, suite au décès de ce dernier.
Jeff Nichols prend ici son temps pour bien mettre en place le contexte de l’histoire, présenter les personnages ainsi que de montrer la différence d’éducation des deux familles, l’une avec un père alcoolique qui les a abandonné et l’autre avec un père qui a connu la rédemption et qui est devenu catholique.
Plutôt lent et parfois contemplatif (rappelant parfois le cinéma de Mallick période Ballade Sauvage) Shotgun Stories reste captivant tout le long, Nichols instaurant une tension qui se fait de plus en plus présente et dose à merveille les scènes d’actions (peu présentes) et les moments plus calmes mais où la violence n’est jamais bien loin.
Il montre comment la violence peut engendrer la violence et former un cycle où il est difficile d’en sortir, une violence qui prend racine dans la vengeance, la passion ou encore le manque affectif. Que ce soit l’histoire, les dialogues ou les personnages, c’est très bien écrit, sonnant toujours juste et ne tombant jamais dans l'excès ou les erreurs émotionnelles.
Nichols nous emmène dans le sud des États-Unis et retranscrit à merveille son atmosphère entre champ de cotons, ville désertique ou âmes perdus. La photographie est superbe, tout comme l’usage de la musique (souvent de la guitare acoustique). Les acteurs sont, dans l’ensemble, impeccables et notamment Michael Shannon, d’une grande justesse et sobriété.
Première oeuvre et déjà une grande réussite pour Jeff Nichols, évoquant une violence omniprésente à travers une histoire de famille, et montrant dès ce long-métrage qu’il est l’un des jeunes réalisateurs les plus talentueux de sa génération.