Pour son premier film, Jeff Nichols nous plonge au fin fond de son Arkansas natal. Milieu rural et conditions difficiles. D’abord chez ces trois frères, dénués de noms propres : Son, Kid et Boy. Des anonymes, seuls ensemble. Très vite, leurs vies se devinent. Un père absent parti pour de bon, une mère qui les a privés d’affection.
Autre fratrie, même père mais différent. Quatre nommés, chrétiens et aimés. Mais tout cela n’empêche pas la détestation perpétuelle de l’autre. Contrainte de haine, obligation de sang.
Réunion dans la mort !
On assiste à la collision de deux mondes pas si différents que ça. La rancœur engendre la haine et la haine engendre la violence. Qu’apporte la violence autre que plus de violence ? Chacun est victime de ses propres actions. Point de coupable idéal, à part peut-être ce combustible du nom de Shampoo qui se déverse sur les deux côtés. Seulement des excuses pour agir, on n’use pas de parole chez les rednecks. Pourtant la brutalité est opaque, seules les conséquences nous sont jetées à la figure. Lourdes pour les deux camps, comme dans toute guerre qui se respecte.
Division pour la vie !
Le plomb se fait sentir, mais nulle balle n’est tirée dans ces contrées sudistes. Les armes amorcent la fin ! Pas celle qu’on pourrait imaginer. Chacun n'a de choix que de reprendre sa vie, de son propre côté, pour protéger les siens et les générations à venir. Il n’aura pourtant suffit que de peu de mots.
Pour son premier film, Jeff Nichols nous jette au milieu d’une histoire de famille, pour nous montrer les cicatrices encore ouvertes d’hommes qui ne savent s'exprimer que dans le bruit et la fureur. Sa caméra sublime la rudesse de ces terres et se promène presque sans altérations à travers les vies de ses personnages. Personnages admirables de naturel qui collent entièrement aux paysages de l’Arkansas (mention spéciale à Michael Shannon qui déboîte <3).
Une belle entrée en matière dans l'univers de Nichols. I've decided I'm going to love him... Everything else will take care of itself.