Entre opéra et comédie musicale, Show Boat tire sa beauté de sa désuétude (la pièce fut créée en 1927). Les airs sont de vrais arias lyriques, et les comédiens caressés par une caméra douce, langoureuse - encore le génie de Charles Rosher ici. Les deux chansons d’Ava Gardner sont les pics du film, sublimes moments de suspension. Le principe de comédie musicale offre souvent la possibilité de s’attarder, de ralentir les actions : c’est le temps en suspension, toujours, mais ici ramassé sur les visages, les expressions.
À l’inverse, Sidney orchestre de grands moments d’accélération quand c’est nécessaire, à coups de fondus musicaux ou surimpressions de vignettes pour décrire l'ascension et la chute du couple lancé dans la vie.
À noter : par moments l’histoire est très proche des films de Jacques Demy quand à mi parcours, l’héroïne est séparée de son mari (Lola) qui part chercher fortune en faisant des paris (La Baie des anges).