Le prologue de Shrek où on y voyait les origines de la princesse Fiona n’a jamais fait parti du montage final (storyboard disponible dans les bonus). Les différents scénaristes voulaient se laisser la chance d’explorer le passé de Fiona ou de Shrek dans les hypothétiques suites.
Shrek 2 remonte donc aux origines afin d'explorer des mystères laissées en suspend dans le film précédent. Pourquoi Fiona est elle frappée de la malédiction ? Qui sont les parents de Fiona ? Pourquoi est elle isolée dans un château gardé par une redoutable dragonne ?
Andrew Adamson, Joe Stillman, J. David Stern et David N. Weiss se sont lâchés à l’écriture, certainement portés par le succès du premier épisode. Shrek 2 délaisse le royaume de Disney (Duloc), pour s'intéresser à un autre, beaucoup plus réel et tordu : Hollywood (Fort Fort Lointain). Dès l'arrivée de Shrek et Fiona, les détails sont assez éloquents. Les lettres blanches sur un flan de colline, les vastes propriétés, tout évoque la célébrité, la richesse et le luxe d'Hollywood jusqu’au cérémonial du tapis rouge brillamment ridiculisé.
Shrek 2 est une douce satire qui cite clairement Hollywood comme une société imaginaire, où vivent des légendes et figures emblématiques inaccessibles, comme ces figures de contes. Les stars féminines sont des princesses à secourir, les hommes sont des princes charmants ou des crapauds que l'amour peut transformer, les sentiments ne tiennent qu'à un baiser ou à une potion magique, et chaque soirée de gala se transforme en montée des marches où le tapis rouge et les paparazzis sont de rigueur.
C’est au travers de ce monde de perfection que le film trouve sa voie. Il y est question d'image, de soi, des autres, de celle que l'on donne, de celle que l'on voudrait donner, de celle que l'on reçoit. C’est un film sur les apparences. C'est une belle leçon qui est véhiculée, même si elle reste secondaire face à la déferlante de gags. L'aspect monstrueux du couple est au centre des discordes. Si Shrek est en permanence comparé à Charmant, si Fiona est reniée par sa famille, si l'Âne se rêve étalon, c'est avant tout parce qu’à Fort Fort Lointain les personnages moches sont méchants et que les gentils sont tous beaux. La dictature de la beauté est au centre du film et lui donne sa profondeur.
Pour souligner cette satire de Hollywood, le film nous inonde de références pop comme Alien, Mission Impossible, Spider-Man, Jurassic Park et encore pleins d’autres.
La re-présentation des personnages se fait au moyen de vignettes, de clichés, qui reprennent la suite immédiate du premier film. Shrek, Fiona, l’Âne, mais aussi le Grand Méchant Loup, Pinocchio, Tibiscuit sont de retour et n'ont donc plus besoin de présentation. Le faible temps gagné est alors consacré aux incroyables nouveaux protagonistes (Marraine la Bonne Fée, Charmant et le Chat Potté) qui, à travers l'utilisation de stéréotypes modernes, sont exhibés comme des figures victimes de leur légende. Charmant pourrait faire de la publicité pour une marque de shampoing, le Chat Potté est immédiatement assimilé à Zorro. Ainsi les présentations s'offrent plus comme des gags et moins comme des expositions.
Le casting vocal ne change pas. On a toujours les hilarants Alain Chabat et Med Hondo dans les rôles de Shrek et de l’Âne. Ils me font rire a chaque fois, ça ne loupe jamais. A cela on ajoute Boris Rehlinger dans le rôle d’un Chat Potté poilant. Ce casting VF est un sans faute.
Je ne parle pas du casting VO, étant donné que je regarde la saga Shrek en VF.
Andrew Adamson est à la réalisation comme sur le premier Shrek. Mais cette fois il ne sera pas épaulé de Vicky Jenson. C’est Kelly Asbury, qui a réalisé Spirit : Stallion of the Cimarron, et Conrad Vernon qui lui porteront de l’aide.
Techniquement, l’animation est meilleur que dans le premier, mais ça ne touche pas à la perfection, ni à un Disney ou à un Pixar. Si les textures sont maintenant impeccable, les déplacements des personnages et leur animation restent encore un peu raide et certains décors sont toujours un peu vide.
La musique est toujours composé par Harry Gregson-Williams, l’homme à tout faire de DreamWorks Animation (Fourmiz, Chicken Run, Shrek et Sinbad : Legend of the Seven Seas). Si elle reste dans la même construction que son prédécesseur, c’est à dire la partition du film et des compositions contemporaines, je dois dire que je préfère celle du premier.
Égalant son illustre aîné, on peut reprocher à Shrek 2 d'être un peu trop pollué par des références sans réel intérêt narratif. Mais le film élabore un scénario riche en surprise autour de l'éternelle quête amoureuse. Shrek 2 parvient ainsi à se rendre agréable d'un bout à l'autre parce qu'il a trouvé le juste équilibre narratif, servit par une VF d'excellente qualité.