Pfff ffff fffff
Vous l’avez ?
C’est l’essoufflement carabiné d’une franchise qui avait pour elle son petit humour irrévérencieux dans le monde pas si fabuleux des contes de fées.
Nous avions quitté Shrek et Fiona en ogres amoureux acceptés par les parents de celle-ci, souverains du royaume de Fort Fort Lointaine.
Mais avec la mort du roi Harold c’est Shrek qui est désigné pour être l’héritier, rôle qui ne lui convient pas. Heureusement il pourrait y avoir un autre prétendant, un jeune adolescent nommé Arthur Pendragon qu’il va falloir aller chercher.
De film en film la place de marginal de Shrek dans le monde des contes de fées s’estompe. Il ne reste que son mauvais caractère, ses manières un peu rustres. Lui qui se trouvait à la lisière des canons des contes de fées et donc des attentes s’est fait un peu manger par le système, le faisant rentrer dans le rang.
Sa désignation en tant qu’héritier semble précipitée, et on pressent bien que son refus s’alignera sur la bonne conduite à avoir dans ce genre de films pour enfants (et de moins en moins pour les grands). Cette quête à la recherche d’Arthur apparait donc bien forcée, d’autant que l’inclusion de la mythologie arthurienne est mal passée à la moulinette de la dérision habituelle de la série. Même si on sauvera Merlin en hippie à côté de ses pompes comme un bon contre-exemple, le reste ne vole pas bien loin.
A la recherche de nouvelles idées, les scénaristes suivent une certaine logique dans la progression du couple Shrek et Fiona. Après la rencontre et l’union dans le premier, puis l’apprivoisement de l’entourage et de la belle-famille, ce troisième volet part sur une piste qui n’enchante guère Shrek, celui de la progéniture. Une fois encore, l’ogre vert aura beau râler, on sent que le scénario le fera rentrer dans la norme, dans une vision tout de même assez traditionnelle de la famille (amour, mariage, enfants), surtout pour un ogre.
D’ailleurs, comme dans le deuxième, on pourra regretter que Fiona se retrouve une fois encore en retrait. Elle pourra briller un peu plus vers la fin, alliée aux autres princesses du royaume, où celles-ci tenteront de renverser le coup d’état de Prince Charmant. Ce dernier toujours aussi capillairement soyeux prend sa revanche par rapport au deuxième volet où il était trop peu exploité. Pour rallier à lui les mécontents, il utilise l’argument du sort dévolu aux méchants, toujours abandonnées et humiliés à la fin des contes, une belle idée qui ne sera évidemment pas exploitée.
Il lui reste un certain sens de l’aventure, quelques bons gags, de quoi ne pas passer le pire des moments devant, mais l’attachement pour les personnages semble bien plus lointain, les préoccupations pour le sort de Shrek n’étant plus aussi bien attisées par l’ingéniosité des deux premiers. La technique reste efficace, encore que certains rendus dérangent, à l’image de cette mer peu convaincante ou du rendu des humains qui ressemblent à des poupées et donc déshumanisées. Mais ce troisième Shrek a perdu de son âme.
Heureusement, sa suite rattrapera une partie des dégats avec cette si bonne question : "et si Shrek n'avait pas existé ?".