On ne présente plus Leonardo DiCaprio, le jeune acteur ayant bien grandi, s'affirmant de plus en plus film après film, avec un talent toujours aussi impressionnant. Ses collaborations avec le grand Martin Scorsese y sont également pour quelque chose. On ne présente d'ailleurs plus Martin Scorsese non plus, ses films étant (principalement) des œuvres sublimes que l'on se délecte de regarder. Pourtant, avec Shutter Island, son 21e film et 4e collaboration avec DiCaprio, il change de registre et s'attaque au thriller psychologique, une première pour le réalisateur.
Ainsi, sans en dévoiler tous les rouages, Shutter Island demeure être un film anodin en soi si on se réfère aux autres films du genre dont le twist ending nous fait horriblement creuser les méninges, des films comme Angel Heart, Fight Club ou encore Stay... Et pourtant, le long-métrage tire sa révérence grâce aux deux artistes : l'un transcende l'image à chaque plan, tout le temps crédible, émouvant, fracassant ; l'autre le dirige à la perfection, jouant sur les codes du thriller et les atmosphères lugubres des films d'épouvante/fantastiques, les décors étant soignés, chaque dialogue réfléchi, le souci du détail aussi alarmant qu'important pour les enjeux du scénario.
Car ce scénario aux airs de déjà-vu est pourtant machiavélique et abyssal. Tiré du roman-phare de Dennis Lehane ("Mystic River"), Shutter Island respecte à la lettre le livre tout en se permettant quelques points supplémentaires qui en font quelque chose de plus limpide mais aussi de plus dérangeant. Sans tout dévoiler, je dirais simplement que cette inquiétante enquête happe et fait agréablement cogiter, le tout dans une esthétique renversante, dotée de plans magnifiques, de mouvements de caméras hallucinants, d'une musique effrayante et d'une palette d'acteurs confirmés rendant le film délicieusement excellent. Une perle.