Shutter Island présente, sans nul doute, le plus grand plot twist de l’histoire du cinéma moderne. Pendant plus de deux heures, on suit une histoire mystérieuse d’investigation. A aucun moment, on ne s’attend à cette révélation. Et c’est ce qui en fait toute sa beauté.
Si je devais parler de l’histoire, je ne saurais pas vraiment quoi dire. Qui suis-je pour juger d’un chef-d’œuvre littéraire de Dennis Lehane ? La seule chose que je peux affirmer c’est que cette histoire n’a pas de défauts. On a affaire à une enquête des plus mystérieuse, sur une île perdue, dans une prison de haute sécurité sombre et lugubre, orchestré par un vétéran de la Seconde Guerre mondiale encore tourmenté par ces visions de la guerre. Si cette histoire s’arrêtait là, elle serait déjà splendide, mais attendez la fin pour être sous le choc, car rien de ce que vous pensiez comprendre n’est finalement la réalité. Mais laissons cela pour plus tard, et concentrons nous d’abord sur l’aspect technique de ce film. Un génie comme Martin Scorsese ne pouvait nous offrir autre chose que cette perfection qu’on lui connaît. Après des chefs-d’œuvre comme Les Affranchis, Casino, Taxi Driver, Les Infiltrés et j’en passe, il était la personne parfaite pour reprendre ce thriller de Dennis Lehane.
Pour les personnages, c’est la perfection. Au début du film on rencontre un duo de détective : Teddy Daniels et Chuck Aule. Le premier, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, et hanté par ses visions du massacre de Dachau, se rend sur l’île d’Ashecliffe afin d’enquêter sur la disparition de Rachel Solando, une prisonnière de cette prison de haute sécurité. Chuck Aule est son nouveau binôme qui l’accompagne dans cette investigation sur une île éloignée de tout, sur lequel gît seul, une prison de haute sécurité. Pour les accueillir, John Cowley leur explique que la prisonnière aurait tué ses 3 enfants en les noyant. Dans un rêve, Daniels voit sa femme, décédée dans un incendie 2 ans auparavant, qui lui dit que Rachel est toujours sur l’île, tout comme Andrew Laeddis, le responsable de son incendie meurtrier. L’investigation de Daniels prend alors une autre tournure, car il se met vivement à la recherche du meurtrier de son épouse. Cette mise en place des personnages est exceptionnelle. On est tout de suite saisi par leurs rôles et sur le déroulé de l’enquête. On a envie d’en apprendre plus sur l’endroit où se cachent Rachel et Andrew. On s’attache très vite au personnage de Teddy Daniels, car, comme lui, on a envie qu’il venge la mort de sa femme en retrouvant son meurtrier. A contrario, on est très vite énervé par les personnages de Cowley, de McPherson, ou encore des membres du personnel qui semble empêcher Daniels dans sa quête de la vérité. Néanmoins, l’impact et le rôle des personnages vont, par la suite, prendre une autre tournure…
Restons dans l’aspect technique et abordons le sujet de l’image. Visuellement ce film retranscrit parfaitement les émotions que nous procure l’histoire. Nous sommes sur une île perdue, habitée par des bâtiments sombres et lugubres. Chaque recoin de l’île tend à nous faire frémir, que ce soit sur le phare, sur la falaise ou dans les couloirs de la prison de haute sécurité. Cette utilisation d’images très sombres est une excellente idée pour amener une tension supplémentaire dans l’investigation de nos personnages.
Il serait inconvenant de parler de la technique d’un film sans en aborder sa musique. Pour celle de Shutter Island, ce n’est pas vraiment toute une bande son qui reste en tête mais plutôt une simple musique, une musique de Max Ritcher : On the Nature of Daylight. Cette musique est douce, tout en étant puissante, elle parvient à nous procurer des émotions par de simples notes qui font toute la différence. C’est, sans conteste, un des piliers qui fait de ce film sa grande réussite.
Pour terminer sur l’aspect technique de ce film, parlons de la somptueuse performance que nous ont donné les acteurs. Que ce soit Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, et j’en passe, leur interprétation sont tous simplement parfaite. Il est difficile, dans le cinéma moderne, de trouver des films qui présente un acting à la perfection. Shutter Island peut de vanter d’en faire partie.
Nous y sommes. J’ai souhaité attendre ce paragraphe pour aborder la fin de ce film, comme un clin d’œil au temps que nous aura fait attendre Martin Scorsese avant d’en comprendre le sens. Comme je l’ai dit dans l’introduction de cette critique, Shutter Island présente l’un des plus grands Plot Twist de l’histoire du cinéma, et je pèse mes mots. En effet, c’est à ce moment là que l’on comprend que Teddy Daniels n’est autre qu’Andrew Laeddis, un prisonnier qu’il traquait depuis son arrivée sur l’île. Andrew est un patients de Shutter Island, qui n’est autre qu’un hôpital psychiatrique, depuis deux. Son nouveau binôme, Chuck Aule, est en réalité Sheehan, un psychiatre qui le suit en temps depuis son arrivée. Sa femme n’est autre que Rachel Solando, qu’il a tué lorsqu’il a découvert qu’elle avait noyé ses 3 enfants dans un lac. Andrew s’est enfaite créer un univers où les noms ne sont que des anagrammes pour ne pas faire face à sa culpabilité. Mais ce qui fait de cette fin son génie ce sont les mots que prononcent Andrew à Chuck (Sheehan) : "Qu’est-ce qu’il y a de pire pour vous ? Vivre en monstre ou mourir en homme bien ?". Ces derniers mots laisseront comprendre au spectateur qu’Andrew a enfin compris ce qu’il faisait ici, mais qu’il préférait mourir plutôt que de vivre avec ce poids. Lors d’un second visionnage, on peut se rendre compte de tous les indices qui pouvait laisser penser au personnage de DiCaprio que cette histoire n’était qu’une mise en scène, comme son échange avec un des patient de l’hôpital psychiatrique de haute sécurité.
Ce film aura eu un impact considérable sur moi, car il m’aura fait me poser maintes et maintes questions. Il m’aura fallu plusieurs jours pour me remettre de cette fin somptueuse. De plus, je trouve que les sujets de troubles psychiatrique dans le cinéma sont souvent les mieux réussi (Le Silence des Agneaux, Shining, Vol au-dessus d’un ni de coucou). Ce film est un chef d’œuvre, et de loin le plus grand film qu’est pu réalisé Martin Scorcese, qui est enfin sorti de sa zone de confort.