Spoilers : j'ai beaucoup aimé les scènes entre l'aîné et sa mère en ce qu'elle montrait bien que la pauvreté exclut la tendresse. Que ce soit par l'alcoolisme d'un parent ici, l'homosexualité d'un fils chez Édouard Louis, peu importe, la pauvreté engendre la violence.
Le passage très court, simple lien entre deux scènes, où l'aîné voit passer, incrédule, une manifestation pour la réduction des gaz à effets de serre alors que lui n'a même pas le temps ni les moyens de se chauffer de quelque façon que ce soit. C'est vraiment un passage fort et très important. Faire de l'écologie, sans faire de social, ce n'est pas possible. Cela donne, et c'est tant mieux, les gilets jaunes. Une écologie de marché, une écologie de droite, ce n'est pas possible. Superbe scène.
J'ai beaucoup moins aimé le côté "ode au mérite" de ce film. Comme l'immense majorité des films traitant de la pauvreté, on nous montre un jeune travailleur, premier de la classe, qui mérite de s'en sortir. Non. Non ! Toutes les études montrent que la plupart de ces jeunes ne sont pas premiers. Ils sont même souvent déscolarisés. Ils peuvent être alcooliques ou violents. Ce ne sont pas les quasi anges que l'on nous montre. Et malgré tout ça, ils méritent tout de même. Ce film reproduit les ritournelles habituelles "les pauvres que je connais n'ont pas travaillés à l'école", "ils n'ont pas saisi les opportunités" ... j'aurais beaucoup aimé qu'à la fin de ce film, on nous dise "ah non, mince, on s'est trompés, voici la gueule de la pauvreté". On a tendance à donner à celui qui fait la manche dans le métro en faisant une blague, à celui qui se porte bien. Les non méritants ont encore plus besoin d'aide. Ceux qui sont grossiers, violents.