Amour Légitime.

Dans la jungle des productions assermentées « original netflix », des genres commencent à se démarquer des autres : le thriller, le film d’horreur/épouvante, le tir-larmes turc et… le teen movie. La diffusion de ce genre de contenus sur Netflix est assez impressionnant, entre les séries teen drama type Riverdale, Sex Education ou encore Les nouvelles aventures de Sabrina, et les films tels que la saga A tous les garçons que j’ai aimé, l’offre est grande. Alors si parfois le genre laisse une possibilité d’histoire et de réalisation en mode pilote automatique (coucou the perfect date), pour quelques petites pépites de la plateforme, le teen movie est un moyen d’innover et d’offrir des propositions assez rafraîchissantes à différents niveaux. Si l’on prend Booksmart d’Olivia Wilde, cette dernière détournée habilement les codes du teen movie pour offrir une belle ôde à l’amitié avec une jolie touche de féminisme. Si tu savais… est d’un autre registre, plus imparfait, mais d’une grande douceur. 
Passé clairement inaperçu, sûrement la faute à une communication insuffisante de Netflix, Si  tu savais… se veut explicitement une réécriture moderne de Cyrano de Bergerac. Une idée que l’on pourrait décrier, mais qui finalement a déjà été pas mal reprise au cinéma, avec d’autres livres comme Les liaisons dangereuses transposés en Sexe Intentions. Ce qui est déjà intéressant avec cette base scénaristique, c’est la création d’un vrai triangle amoureux. A l’instar de certains films qui utilisent le triangle amoureux comme une lutte entre deux hommes pour une même femme, ou deux femmes pour un homme, etc, ici les relations sont véritablement triangulaires. Les sentiments des personnages sont complexes, bruts et incontrôlés de chaque côté du triangle. Bien sûr c’est les sentiments de notre héroïne qui sont les plus développés, au détriment du principal enjeu du film : Aster, que Paul veut séduire et dont Ellie est amoureuse. La fin du film offre heureusement plus de relief au personnage grâce à une fin qui ne se veut pas simple et heureuse, voire agréable pour le spectateur. C’est une fin qui s’inscrit d’un côté du passage quasiment obligé de l’adolescence par l’apprentissage de l’amour, et du passage à l’âge adulte qui en découle. Ce qui réussit à rattraper le climax, la scène de l’église, qui manque de subtilité et de puissance pour amener le film à son sommet dramatique. 
Ce qui me semble le plus important à aborder avec ce film, c’est son traitement de l’homosexualité, qui n’est en fait clairement pas abordé comme une case dans laquelle mettre Ellie. Le problème de beaucoup de films de ces dernières années est de placer l’homosexualité d’un point de vu souvent très politique, au détriment de ce que c’est vraiment : des sentiments. L’homosexualité était un moyen, c’est désormais une fin. Elle est placée en égale de l’hétérosexualité. C’est bien les sentiments profonds qui prônent et non l’aspect social que l’on en tir. C’était déjà le cas dans Booksmart d’Olivia Wilde, à une moindre échelle avec le personnage jouée par Kaitlyn Dever. Bien sûr je ne dis pas qu’il faut forcément ne pas prendre en compte l’aspect social de l’homosexualité, d’ailleurs le film, dans son contexte paroissial l’aborde mais de manière très légère, sans y attarder. Ce n’est en fait pas le propos. 
Malgré tous ses défauts, c’est justement là que l’on trouve la tendresse de Si tu savais..., atteignant son point culminant dans la scène de la source chaude, avec cette photographie très douce, laissant son personnage principal respirer, perdu dans ses sentiments.