Attention spoil
Sibel raconte l’histoire d’une jeune fille turque, muette qui s’exprime grâce à la langue sifflée de la région. Elle vit avec son père et sa jeune sœur. C’est surtout l’histoire d’une grande solitude et de rapports sociaux violents. Muette, elle est rejetée par les femmes du village, voire maltraitée et battue. Dans ce milieu social où le seul horizon pour une fille est le mariage, tout horizon est bouché pour Sibel, le mariage lui est fermé en raison de son handicap perçu comme une malédiction.
La solitude de Sibel est particulièrement marquée dans cette scène poignante où elle lance un long cri muet de rage vers le ciel. Mais Sibel ne se positionne pas en victime, tout son être respire la fierté et une volonté farouche d’exister. Elle n’est pas intégrée mais elle a son lieu de vie à elle, son lieu de liberté qui est la forêt. Et elle a une idée obsessionnelle : trouver le loup dans la forêt, le tuer pour gagner l’estime du village.
En fait de loup, elle trouvera un fugitif blessé qui se cache et qui est catalogué « terroriste » par les autorités. Elle le cachera, le soignera, le nourrira. Une rude complicité s’établira entre eux et pour la première fois, Sibel expérimentera une relation différente de ce qu’elle connaît au quotidien. Mais lorsque la présence du fugitif et le rôle de Sibel seront connus, cela renforcera encore le rejet du village envers elle.
Elle trouvera également des os, qu’elle prendra pour les os du loup qu’elle traque avant de découvrir qu’il s’agit d’os humains. Car les loups prennent souvent visages d’hommes…
Sibel n’est pas un conte de fée, cela ne se termine pas bien, cela ne se termine même pas vraiment. Les dernières images du film nous montrent Sibel traversant le village la tête haute au milieu des sarcasmes. La femme libre, c’est elle ! Sa liberté elle l’a transportée jusque dans ce milieu où elle est jugée et rejetée. Et elle regarde avec défi les femmes aux champs qui la jaugent. C’est sur ce regard plein de fierté que se termine l’histoire…