Apocalypse Ñow
Ce qui fait de Denis Villeneuve, depuis maintenant quelques années, une véritable valeur sure du cinéma nord-américain, c’est qu’il est tout sauf un pur produit hollywoodien. Prisoners n’était pas...
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le 10 oct. 2015
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L'ascenseur émotionnel... Comment décrire l'ineffable déception qui est la mienne suite au visionnage de ce film sur grand écran. Denis Villeneuve, c'est Prisoners, Polytechnique, mais aussi et SURTOUT Incendies, un chef d'oeuvre du 7ème art. Je me suis donc rué, tel un loup avide de chair fraîche, sur ce long-métrage très prometteur.
Quand soudain, derrière un trailer soigné et alléchant, un réalisateur adulé et adoré, se profile un sentiment de longueur. Les minutes défilent, le jeu des acteurs, bien que très bon, ne parvient pas à faire décoller l'oeuvre... Rien à redire sur les images, toutes plus habiles et délicates les unes que les autres, ni sur la bande son qui parvient à porter le film avec une ambiance oppressante. Mais rien ne parvient à captiver jusqu'aux premiers bâillements inquiétants...
On suit l'ascension de Kate Macy, une agent du FBI, idéaliste et farouchement engagée dans le combat contre la criminalité. Elle est repérée et se porte volontaire pour déceler le groupe à l'origine des maux qui l'entoure, et se met rapidement à la poursuite de la tête du cartel mexicain. La jolie Emily Blunt, à peine maquillée, porte très bien le rôle qui est le sien. On est rapidement pris d'empathie pour son personnage, devant les violences du quotidien et la monstruosité humaine qui s'imposent à elle. Mais passées les 30 premières minutes, les quelques scènes d'action et de tension ne parviennent pas à garder le téléspectateur en haleine. La scène du tunnel, bien que parfaitement tournée et subtilement menée par Villeneuve, ne redonne pas de punch au film.
Il s'agit en réalité plus d'un constat de la corruption du monde de la drogue que d'un film d'action ou d'un thriller. Au travers des différents rôles, on s'aperçoit que la drogue gangrène plusieurs échelles de la société, et que tous sont plus ou moins impliqués.
Celui qui est dressé comme un mafieux sans visage, qui massacre des populations au profit de la drogue, se retrouve adouci par les traits d'une famille unie dans une villa, où l'argent permet de mener une vie confortable. Alejandro, un conseiller au passé opaque et corrompu par les trafics de drogue, mène l'enquête pour retrouver celui qui est à l'origine du massacre de sa propre famille; il confirme l'idée d'un cycle perpétuel de violence. Enfin, Kate est le plus gros renversement de personnalités puisque la petite femme volontaire et engagée au profit de la justice se transforme en une flic désolée, désabusée par la violence. Au travers des dernières séquences et du regard porté à Alejandro, on comprend sa désillusion et son acceptation de la corruption que rien ne pourra empêcher.
Finalement, Sicario n'est pas un film dénué d'intérêt; il porte un thème prenant (bien que déjà vu), et est extrêmement soigné. Mais il est long, TROP long... Trop de discours vides, trop de dialogues inutiles et de scènes superficielles. Sans parler du rôle du Black, qui sans vouloir être méchant, devait servir pour tenir un quota, car il n'apporte rien au film autrement que casser le rythme et ponctuer de scènes mignonettes entre deux partenaires-amis. Peut-être pour philosopher sur le néant et avancer ensemble face à la réalité? Je ne peux que regretter cette frustration, d'autant que j'adore Denis Villeneuve. Mais à l'image de la frontière ténue entre les Etats-Unis et le Mexique, entre le Bien et le Mal, la barrière entre intérêt et ennui est très fragile... Ce second sentiment a pris le pli sur le premier et je ne peux que donner la moyenne à ce film.
Créée
le 17 oct. 2015
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