Denis Villeneuve, tout le monde l'adore, quel grand fabricant d'un cinéma qu'on croyait perdu... Le revoilà avec un film coup-de-poing sur le démentellement semi-légal d'un puissant cartel de la drogue. Malheureusement, après un début crado mais intriguant et certainement prometteur, Sicario s'enfonce dans une narration stupide et chiante, interdisant tout engouement.


Déjà les personnages sont transparents, surtout ceux qui se veulent mystérieux. Quiconque sort de son terrier une fois de temps en temps les connait par cœur... Pas uniquement les personnages, d'ailleurs. Les situations dans lesquelles ils sont plongés sont étrangement familières. De fil en aiguille le film finit par m'évoquer Blue Steel et Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, avec moins de couilles. La saison 2 de Graceland explore le même type de schéma avec beaucoup plus d'énergie et de fun.


Alors évidemment, son ambition n'est pas d'être un projet délirant à la Savages, mais le coup du mec qui se fait gauler parce qu'il a gardé sur lui un élastique-à-billets bariolé, ou encore les innombrables menaces d'Emily Blunt qui n'aboutissent jamais, sont des grands moments de comique involontaire. Conséquence : impossible de rentrer dedans. Je me farçis les élucubrations vociférantes de ces joyeux redresseurs de torts sans plus d'intérêt que si je remplissais ma feuille d'impôts.


Quand au bout du film on se rend compte que les instigateurs de cette débâcle n'avaient besoin d'Emily Blunt que pour signer un papier à la con, alors qu'ils avaient d'autres agents haut-placés au FBI dans leur poche pour faire cette basse besogne sans rechigner, Victor Garber par exemple, je me demande ce que je fous encore dans cette salle.


Ajoutez à cela une contre-performance hallucinante de Roger Deakins à la photo ( diaph jamais bien réglé, certains contre-champs ne marchent pas du tout... ) et vous avez assurément la déception de l'année.


La seule attention qui m'a fait plaisir est celle apportée au pauvre faux-flic de la fin, tout le long du film. C'est limite s'il n'a pas été fait rien que pour lui...

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le 2 nov. 2015

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Mike Öpuvty

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