Il se dégage dans le cinéma d'auteur scandinave de ces dernières années une tendance à traiter des sujets peu aimables, un courant tendant vers l'analyse des comportements déviants conséquence du mode de vie de nos sociétés occidentales. Il existe évidemment un nombre de possibilité quasi infini lorsque l'on aborde cette thématique, mais la plus riche est probablement, la représentation sociale ou plutôt la manière dont cette représentation influe de les comportements de chacun.
L'exemple pris par "Sick of myself" est extrême, mais pas du tout improbable. Un couple de jeunes norvégiens, un peu dysfonctionnel, lui (Thomas) est un artiste prometteur à tendance narcissique , expose dans les galeries en vue dans le monde des arts , elle (Signe) est serveuse, socialement très en retrait de son homme, a une certaine tendance à la discrétion, et se trouve souvent ignorée comme fondue dans le décor. La première scène très ironique illustre parfaitement cet état de fait : lors d'un "diner basket" dans un restaurant, Thomas et Signe commandent une bouteille de vin hors de prix (et français) discutent avec le seveur, elle sort fumer une cigarette , lui seul dans le restaurant se sauve en courant, poursuivi jusque dans la rue par le serveur qui ... passe à côté de Signe sans la reconnaitre....
Mais, discrète, Signe l'est par obligation, pas par nature, narcisse moderne, elle est déterminée à provoquer les événements -quel que soit le prix à payer- pour un moment de reconnaissance, pour avoir son instant de gloire. C'est dans un magazine, qu'elle trouvera son Saint-Graal,
un médicament aux effets catastrophiques qui a défiguré une femmes qui l'a absorbé provoquant des lésions de peau irréversibles
Les conséquences médicales de cette absorption, les suites physiques mais surtout sociales occuperont évidemment la suite du métrage, entrainant les personnages dans un jeu de dupes assez hallucinant car très réaliste, délivrant un message nauséabond, tandis que nous spectateurs seront contraints d'assister à la lente déchéance de personnages de plus en plus antipathique (et pathétiques)
On pense évidemment au cinéma cru et sans concession d'Oslund, et plus loin à certains films déviants de Lars Von trier ou de Vinterberg, avec toujours en arrière-plan cette question qu'il faut bien résoudre: est-parce que le propos d'un film est foncièrement dérangeant, nous met mal à l'aise que l'on doit le rejeter, ou bien au contraire, le caractère dérangeant d'une œuvre qui nous marque durablement parce qu'elle donne à réfléchir suffit-il à faire un on film ? La réponse dépend probablement du vécu et du ressenti de chacun face au sujet abordé, mais en l'espèce "Sick of Myself" peut être vu comme un objet digne d'intérêt et assez original.