Two Mules for Sister Sarah n’a d’intérêt que pour son duo de têtes, interprété par deux acteurs talentueux qui s’amusent avec les clichés du western pour mieux les rendre suspects et faire de nous des détectives aptes à démasquer la fausse nonne, ainsi que pour sa partition musicale signée Ennio Morricone. Shirley McLaine campe une religieuse pas très catholique dont la piété n’est que sursauts face à l’extérieur : constamment en représentation, elle contraint le cowboy solitaire, soit le Clint Eastwood barbu que l’on connaît bien, à changer son mode de vie et freiner ses pulsions, de la même façon qu’elle-même, en jouant la comédie, s’improvise aventurière, allant jusqu’à saboter un pont des explosifs à la main. Aussi le long métrage confère-t-il à son histoire des allures de récit d’apprentissage, mais un apprentissage masqué qui touche une vérité (sentimentale) par une somme de mensonges et de tromperies.
Don Siegel propose une mise en scène conventionnelle, presque convenue, qui reste néanmoins efficace et sait filmer ce qu’il faut filmer pour composer un récit alerte et fort sympathique au demeurant ; dommage que l’écriture ne cisèle davantage ses dialogues, assez faiblards en dépit de la répartie que manifeste les deux personnages principaux. En résulte un petit divertissement ludique et rigolo dont le comique, trop inoffensif compte tenu de l’âpreté des situations traversées et du genre investi, peine toutefois à combler l’absence d’enjeux véritables.