Des cadrages intéressants, des plans léchés dans leur composition et leur symboliques, certains qui pourraient même être analysés comme plein d'autodérision, des personnages qui prennent leur temps, un jeu lent, des silences qui en disent long, ce film avait tout pour plaire.
L'intrigue n'est pas l'enjeu, on comprend très vite les raisons de l'abandon de la foi de Gibson (un des 1ers plans du film le montre en uniforme de pasteur et le crucifix apparait détaché au mur),
mais ça passe bien et on attend sagement de découvrir de quoi
sa femme est morte pour qu'il ait perdu la foi
(n'est-ce pas toujours pour des raisons particulièrement personnelles que les personnages perdent toujours leur foi pour la retrouver face à l'épreuve gagnée?).
Et finalement là n'apparait pas initialement le coeur du film et plusieurs scènes viennent accentuer l'atmosphère d'étrangeté : les personnages ont des réactions particulières, de longs silences pèsent sur la famille, et certains plans viennent directement contredire les discours des personnages dans le champ (de caméra, comprenons-nous bien!)
. Malgré la gravité de la situation, les personnages ne semblent pas être pris au sérieux par le réalisateur (les casques en aluminium en plein drame sont un parfait exemple ou le positionnement de certains personnages dans des plans serrés), et c'est assez agréable de découvrir un film qui semble ne pas s'enorgueillir de sa propre réalisation sans pour autant vouloir catégoriser son film de "comique". Ici la peur de l'autre, de l'envahisseur est montrée avec détachement et humour subtile, tout comme l'est le rapport au deuil.
Mais la religion, omniprésente, fait un retour de boomerang dès le redoublement de l'adversité et si le pasteur refuse catégoriquement de faire appel à Dieu (les flashs back permettent alors de comprendre ce que nous avions déjà saisi depuis les 15 premières minutes), Dieu n'en laisse pas moins à la dérive son disciple et toute sa clique puisque y-a-t-il ou n'y-a-t-il pas de coïncidence et attention spiolers de malade pour un film américain basique : il y a coïncidence quand une merde vous arrive, mais vous avez mérité le bonheur qui vous baigne et finalement si vous réfléchissez bien les merdes que vous preniez pour des coïncidences ne sont finalement que des épreuves divines dont vous verrez un jour le bénéfice ou le propos (ou peut-être pas si vous n'êtes pas un employé divin). Et donc, là où le film se tenait bien autour de cette tension, le danger rencontré par les personnages fait resurgir ces questions sous fond de drame idéologique où le plaidoyer religieux n'est pas sans rappeler le porte à porte des témoins de Jéhovah.