En jouant sur le registre de la peur et de la tension de manière continuelle et sans utiliser les habituels artifices hollywoodiens (musique surlignant les situations, fausses frayeurs), Shyamalan prouvait avec "Signs" son impressionnante maîtrise du Cinéma, un véritable exercice de tension permanente sur le modèle des "Oiseaux" d'Hitchcock... Malheureusement, le sujet - la peur de l'invasion -, tout en restant en ligne avec les préoccupations qu'on lui connaissait désormais (peindre la société américaine à travers ses psychoses), n'est vraiment pas original.
Après deux films réellement réussis, "le Sixième Sens" et "Incassable", le scénariste Shyamalan était déjà pris au piège de l'attente du spectateur, qui désire avant tout ce fameux twist final devenu un effet de signature : or ici, la "révélation", fonctionnant sur principe assez proche de celui de "Une Prière pour Owen", le livre de John Irvin, a des relents "New Age", voire religieux, trop forts pour être vraiment convaincante ! Mais le pire, qui fait que le film vieillit très mal et qu'il est impossible d'ignorer aujourd'hui la terrible naïveté dont Shyamalan fait preuve, est bien la complète invraisemblance de la fameuse "invasion extra-terrestre" - ainsi que de sa déroute
Au final, s'il y a quelque chose d'encore touchant ici, qui constitue d'ailleurs un fil rouge dans une bonne partie de la filmographie inégale de Shyamalan, c'est la sourde souffrance de ses personnages qui les transforme en somnambules hébétés.
[Critique écrite en 2021 à partir de notes prises en 2002 et 2011]