Si M. Night Shyamalan fait l’unanimité quelque part, c’est bien dans le fait que personne n’est d’accord à son sujet. Génie de la mise en scène, le cinéaste a fait couler beaucoup d’encre et fait toujours noircir des pages et des écrans à chaque nouveau film. Si on se résume, surtout deux éléments ont déçu bon nombre de spectateurs amateurs du "petit maître". En premier lieu, le contexte du récit. Un révérend bouleversé par la mort accidentelle de sa femme a aussitôt perdu la foi. Depuis, secondé par son petit frère, il mène sa barque tant bien que mal sur un océan de souffrances. Beaucoup de spectateurs sont réfractaires à toute allusion religieuse au cinéma. Mel Gibson en saura quelque chose en tournant La Passion du Christ. Bref, la crise de foi s’est changée en crise de foie pour certains. Et il faut bien avouer que certains passages sont assez durs à digérer tellement ils sont lourds. L’autre défaut, plus embêtant pour tout le monde celui-là, c’est le choix assez gonflé du cinéaste d’expédier sa chute alors qu’il reste encore une heure de film. Ici pas de twist final qui vous laisse comme deux ronds de flanc. Trois petits quarts d’heure sont à peine écoulés et la parano galopante devient réalité. Ce qui explique que pas mal de monde décroche à partir de ce moment là. Et pourtant… C’est là que le film se débride enfin, paradoxalement par le biais de longs plans-séquences d’une grande intensité. Au final, Signes s’impose comme un film majeur du cinéaste. On peut toutefois regretter certaines choses. Par exemple que le mystère des crop circles serve juste de prétexte au récit. Le souci si l’on peut dire c’est que Shyamalan fait avant tout des films de genre. Maîtrisés de bout en bout, mais ça reste des films de genre. On est alors forcément déçu qu’il n’essaye pas de creuser un peu plus ou bien dans une meilleure direction. En tout cas, malgré ces défauts, le film est franchement agréable, ne serait-ce que pour la leçon de mise en scène...