Globalement, j'aime bien M. Night Shyamalan. Et franchement, ce Signes aurait pu faire partie de ses bons films, à deux ou trois détails près, mais pas des moindres...
Bon déjà, Mel Gibson... C'est pas que je n'aime pas cet acteur, pas si mauvais ici d'ailleurs, mais on a surtout l'habitude de le voir dans des trucs tellement louches... Des trucs vraiment louches comme certains des dialogues de ce long-métrage au prosélytisme décérébré qui ne nous épargne pas... Prosélytisme que défendra sur la fin l'un de mes acteurs fétiches : Joaquin Phoenix. Aaaarghhh ! En effet, ce pitoyable monologue du premier cité au second à base de deux groupes d'hommes : les croyants capables de voir la lumière des signes vs. les athées effrayés car ne croyant plus qu'au hasard, et que le final donc, nous revomira au visage, c'est juste intellectuellement honteux ! Et au pasteur qui ne croyait plus en Dieu, depuis la mort tragique de sa femme, de conclure le film sur un plan que je ne pouvais redouter que dans mes pires cauchemars... J'ai cru mourir.
Et si encore le dénouement s'était contenté de ça... Parce qu'il s'agit bien là de l'un des épilogues les plus mauvais que je connaisse, à base également - et je ne choisis pas le terme de "base" par hasard -, de phobies individuelles devenant "signes" salvateurs chaussés de gros sabots (l'eau détestée de la fille, la batte (haha) rangée du frère, la croyance perdue du père, et le souffle coupé du fils - les seules spécificités de ces quatre personnages caricaturaux finalement). D'autant plus que la rencontre finale contre qui-vous-savez - totalement amorphe - ne se contente pas de friser avec le ridicule. Et encore, je n'ai pas parlé des quelques scènes larmoyantes et des flash-back inutiles...
Alors pourquoi cette note pas si mauvaise que ça ? Tout simplement parce que jusque-là, jusqu'au retour de ce petit monde vers la surface, et derrière une porte étoilée fascinante, Signes se défend plutôt bien. Sa lenteur, que certains déplorent, ne me pose aucun problème, au contraire même, la force du film étant selon moi cette tension croissante naissant d'une découverte progressive et inéluctable de l'envahisseur... Et puis voir le frangin scotché sur son canapé avec son chapeau en aluminium sur la tête, entouré des deux gosses, reste un plan savoureux et mémorable.
Un sacré gâchis au final. Signes avait su trouver son propre rythme, une atmosphère aussi, mais la pauvreté de l'écriture le décrédibilise totalement à cause essentiellement d'un final pitoyable. Dommage, parce que si le film s'était arrêté à temps, je lui aurais même collé un 7/10 pour sa capacité à intriguer, comme pour sa surréaliste ambiance "champs de blés"...