Le silence des agneaux
XVIIeme siècle: Rodrigues et Garrupe, jésuites, sont sans nouvelles de leur Maître Ferreira parti depuis de nombreuses années au Japon. Ils convainquent leur supérieur de partir à son secours. Mais dans un pays alors dominé par le bouddhisme, cette Croisade de l'âme pourrait s'avérer bien périlleuse.
Jusqu'où la foi peut-elle perdurer et quelles sont les limites de la croyance? Telles sont les questions que la nouvelle d'Endo pose. Chrétien profond dans l'âme, la rencontre entre l'univers de l'écrivain japonais décédé en 1996 et le réalisateur ne pouvait que paraître évidente, de même que la réflexion suscitée par l'ouvrage.
Une question se pose à présent: sachant que le livre est une pure fiction, cela aurait-il pu réellement se passer tel que nous le voyons, avec ces humiliations à outrance, et dans une certaine mesure, cela ne serait-il pas une sorte de justice face aux colonisateurs? Sans y répondre directement, le film a le mérite de susciter la réflexion profonde, essentielle pour tout chrétien: jusqu'où aller pour annihiler une croyance ou la maintenir.
Le son, ou plutôt l'absence de sons tel que le titre l'évoque, bien qu'ici le silence ait un autre mobile, est absolument remarquable, en témoigne la première minute du film où l'on entend sans rien voir une certaine ambiance brusquement interrompue. La photographie est admirable et lorsque l'on connaît la biographie de Endo, l'on ne peut que reconnaître la signature chrétienne illustrée par l'ultime image. Ici pas de musicalité si ce n'est des chants et airs traditionnels.
Reste une petite ombre peut-être: malgré une importante participation nippone au projet, c'est à Taïwan que le film a été tourné. Ce qui aurait tendance à confirmer la thèse de l'écrivain et la conviction de Scorsese. Et la torture souvent évoquée, tant physiquement que spirituellement, peut en rebuter (néanmoins personne ne quitta la salle durant la projection).
A vous de voir si votre âme est prête...