Silence...ça pousse!

C'est l'histoire de deux prêtres qui sont sous la douche...oups je ma gouré ça c'est une blague de Bigard. Dsl, on va recommencer hein.

Au XVIIe deux prêtres apprennent la disparition de leur mentor (ah c'est quand même mieux comme ça!) alors que ce dernier était parti répandre la foi catholique sur le territoire Japonnais. Sauf qu'à l'époque quand tu étais catho au Japon bah c'était pas trop la fête. C'était même un peu (beaucoup) dangereux. Au programme : Persécutions, tortures, exécutions, et abjuration de la foi catholique en public, de quoi s'amuser comme des ptits fous. Donc père Fereiera, le-dit mentor, non seulement aurait disparu mais, selon le bouche à oreille de l'époque (bha ouai au XVIIe y avait pas twitter les gars!) il aurait abjuré sa foi. Les deux jeunes prêtres décident donc de partir pour un voyage à travers le Japon qui se changera petit à petit en voyage intérieur.

Niveau casting, on est plutôt pas mal. On y retrouve des têtes connues, notamment Adam Driver (#KyloRen), Liam Neeson (#Qui-GonJiin) et Andrew Garfield (#SpiderManPasTerrible). Aucun d'eux n'est dans le sur-jeu, ils sont même très convaincants, comme quoi la direction d'acteur est quelque chose de très important et nécessite un certain travail, qui est ici réussi. Les personnages qu'ils interprètent sont plutôt intéressants car ils possèdent une dimension psychologique travaillée. Tiraillés par le doute, ils ne sont pas des coquilles vides, de simples façades mais se rapprochent bien plus de nous, spectateurs, qui sommes soumis aux même maux.

Quant à l'image, elle est époustouflante. Les plans dénotent d'un travail très sérieux et poussé, puisqu'on a l'impression que chaque plan est un tableau. La lumière, les couleurs, la posture des personnages, leur emplacement dans les décors somptueux, tout est pensé et nous rappelle de nombreux tableaux religieux.

Côté bande son, prépares tes oreilles, mets les Watts à fond parce que y'a...pas de zic mon pote, que t'chi, walou. Tu vas me dire "oui mais c'est pas étonnant vu le titre du film qui est Silence, du coup c'est silencieux et tout". Et bien tu as raison. D'ailleurs le manque de musique est très intéressant puisque qu'il n'est pas anodin. Il peut évoquer la méditation, très présente dans la religion bouddhiste, la religion majoritaire au Japon. Ou encore le vœu de silence de certains prêtres catholique. Après je vous ment un peu (j'avoue, PARDONNEZ-MOI!!!) on entend quelques musiques, plutôt brèves voire très brèves, à base de tam-tam parfois. Le problème ce n'est pas le manque de musique parce qu'on l'a vu, ce manque sert le propos du film, le sous-texte mais c'est que le film n'a pas été vendu comme cela donc le manque de musique et le silence qui en résulte dans la salle nous surprend un peu.

En effet, le film souffre d'une mauvaise campagne de promo surtout en ce qui concerne les bandes-annonces. Ces dernières nous présentent l'histoire du film, certaines scènes, bref jusqu'ici elles font leur taf. Sauf que le hic est dans la forme. Ces bandes-annonces sont syncopées. Les plans s’enchaînent très vite et surtout la musique présente est très rythmée, on a un enchaînement d'actions. Or le film va à l'encontre de tout ça. Silence c'est parfois des plans où il n'y a pas d'action, où il ne se passe absolument rien, ce n'est pas non plus un film très rythmé et surtout c'est un film silencieux. Ce n'est pas un film basé sur le spectacle d'une reproduction historique d'une période comme le ferait (le très talentueux) Ridley Scott. C'est un film avant tout réflexif sur la religion, qu'elle qu'elle soit. Du coup quand tu visionnes une bande-annonce de Silence tu t'attends pas à ce que tu vois sur l'écran, et ce décalage nuit à l'expérience cinématographique, pourtant très intéressante. C'est sur que le but des Studios c'est de faire le plus d'entrées possible, cela passe par les bandes-annonces qui vont te donner envie d'aller voir tel ou tel film sauf qu'ici cela est fait au détriment du film et de l'expérience qu'il propose.
En fait, les gars qui ont fait les bandes-annonces ce sont les mêmes qui bossent pour le télé-shopping sur TF1. Tu sais, ces mecs qui te vendent de la boisson à l'artichaut qui à pour but "d'affiner ta silhouette sans passer par un régime en seulement 14 jours" mais quand tu l'achètes et que tu en prends tout ce que ça te fait c'est une bonne diarrhée des familles!!! Pardon, on s'égare, revenons au film...

Malgré cette entourloupe commerciale, le film et surtout son sous-texte ne perd pas de son intérêt. En effet, Silence est un film sur la Religion. C'est le thème inhérent au cinoche de Scoresese, que ce soit de manière explicite, dans des films comme La Dernière Tentation du Christ ou implicite comme dans Les Affranchis. Ici, le réalisateur se questionne sur l'existence et la présence de Dieu. Dieu existe-t-il? Dieu est-il présent? Le doute qui s'installe petit à petit dans la tête du père Rodrigues (interprété par Garfield, pas le chat, l'acteur hein. Bon OK c'était pas la meilleure blague celle-là) face au silence qu'il constate malgré ses nombreuses prières, l'horreur de ce qu'il voit et la cruauté dont il est victime c'est le doute du réalisateur lui-même. Lorsque le père Rodrigues dit "Est-ce que je prie face au silence?" c'est Scoresese qui parle. Dieu est silencieux, existe-t-il vraiment? Si oui, pourquoi laisse-t-il ses enfants souffrir, que ce soit le père Rodrigues ou bien les hommes et femmes d'aujourd'hui? Pourquoi n'agit-il pas devant tant d'horreurs commises? Surtout lorsque ces horreurs sont commises en son nom. Car le film parle de cela aussi. Jusqu'où peut on aller au nom de la religion? Scorsese souffre donc d'une crise de foi et choisit comme remède le cinéma. Par là, il partage son mal-être, son doute. Il souhaite nous faire réfléchir, que l'on soit athée ou non, pratiquant ou non, nous prenons part à ce questionnement et nous en tirons nos propres conclusions.

Martin Scoresese nous livre finalement un film contemporain, personnel, intéressant et esthétiquement jojo dont l'expérience est malheureusement un chouilla gâchée par une entourloupe commerciale.