Silenced
7.6
Silenced

Film de Hwang Dong-Hyuk (2011)

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J'en ai un peu marre d'entendre partout que les asiatiques sont les best en terme d'éducation ; à chaque fois on nous montre un rang d'élèves parfaitement rangés. Alors oui, si vous aimez le régime extrémiste, c'est clair que c'est fun, des petits enfants qui mouftent pas. Bien sûr en tant que prof, j'adorerais avoir un rang sage, où les élèves me salueraient poliment et gentiment. Mais bon, dans ces images on voit souvent les élèves en 'costume' et ça aussi je trouve ça triste. Perso, je m'en tape d'avoir des élèves avec des jeans troués, des top, et tout le tralala. Bon, le plus embêtant, c'est qu'on a peur, du moins moi en tant qu'homme, que mes yeux tombent par inadvertance dans un décolleté et que l'élève s'en offusque. Après tout j'ai déjà eu le cas d'élèves qui se demandaient si j'étais pédophile et pour savoir ont commencé à prendre des poses pour voir si j'allais les matter... fort heureusement j'ai réussi le test avec succès et je ne suis pas pédophile. Ouf. Non mais pour revenir aux gosses asiatiques parfaits, rappelons aussi que s'ils sont autant à l'écoute, c'est aussi parce qu'ils ont une culture et une histoire différente. Les chinois par exemple ont longtemps été et sont toujours exploités par leur gouvernement qui peut leur imposer de lourdes sanctions impunément. Rappelons qu'il y a peu encore, les familles ordinaires ne pouvaient avoir qu'un enfant et ceux qui en faisaient un deuxième risquaient de se le voir 'pris'. En Europe, nous n'avons pas subi ce genre de pression gouvernementale, ou en tous cas pas pendant assez longtemps pour que ça soit culturel. Et donc, quand j'ai appris l'existence de ce film, l'existence du sujet dont il traite, j'ai sauté dessus.


Bon, c'est un peu beaucoup frontal, premier degré, avec ce que cela comporte de misérabilisme, de drama, de malaise mais aussi de rire involontaire parce que ce genre de radicalisme, c'est ce qu'on retrouve dans des mauvais films (éviter de rire devant d'autres gens, bien sûr, sauf si ça ne vous dérange pas d'être banni de votre entourage). On voit les gosses sourds-muets sans défense se faire taper dessus par des adultes ivre de pouvoir, se faire tripoter aussi. Et pour ça le réalisateur ne cherche pas à être subtil, il ne fait rien de porno, mais on voit quand même un adulte frotter les fesses d'un gosse. Par conséquent, âmes sensibles (et quand il s'agit de pédophilie, il y a plus d'âmes sensibles que pour un film d'horreur lambda), s'abstenir.


Bon, je ne sais pas si ce sont bien les fesses d'un enfant. Proportionnellement, on dirait bien. Mais durant ces plans on ne montre jamais la tête du gosse. Et ils ne bougent pas. Donc soit ce sont des 'petites personnes', soit c'est un mannequin réaliste.


La deuxième partie est plus supportable, l'académisme et les plans frontaux saillent davantage puisque ça part dans un film de tribunal, avec les gros plans plein d'émotions au bon moment. Le montage est globalement bon, on ne perd pas de temps inutilement. Les acteurs font du bon boulot aussi. On évite d'avoir des gosses qui pleurent trop (mais il y en a un peu quand même).


Le récit tient la route. N'étant pas au fait avec la réalité, j'ignorais comment ça allait se terminer. Et je dois dire que, si dans la réalité c'est on ne peut plus triste et regrettable - les coupables ont repris leur vie à la date de sortie du film, sans plus être inquiétés - au niveau narratif, c'est super intéressant que les gentils ne gagnant pas, ça donne un côté kafkaïen et surtout la critique sociale est plus forte. J'aurais bien sûr préféré que ça finisse bien en vrai et que l'auteur propose cette entorse à la réalité afin de renforcer son discours.


Les personnages ne sont pas super construits, c'est un peu dommage. Les gentils sont d'ailleurs interchangeables tout comme les méchants le sont. Le récit s'articule surtout autour des faits et cherche l'émotion, la force sans doute un peu parfois, ce qui n'est pas agréable (on sait bien que c'est triste, pas besoin d'insister autant avec des dialogues et des gros plans).


Bref, la première partie est un peu risible, la seconde est plus réussie ; le film reste intéressant dans tous les cas pour oser montrer ce qui ne va pas dans une société, en l'occurrence, la Corée du Sud, que l'on considère souvent comme un pays libre et démocratique alors qu'en fait, il y a tout de même pas mal de choses extrêmes qui choqueraient probablement pas mal de nations s'il n'y avait pas la Corée du Nord juste à côté pour accaparer toute l'attention.

Fatpooper
5
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le 28 juil. 2024

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