C'était non sans une certaine excitation que je me rendais à l'avant-première du film. À l'époque, Gans - le réalisateur - avait très bien vendu son produit ; tant et si bien que même la presse spécialisée du jeu vidéo (très concernée par cette adaptation ciné d'une série alors culte) vantait les mérites du film sans même l'avoir vu. Sachant que j'étais souvent d'accord avec l'avis des rédacteurs de ces magazines, je suis allé voir Silent Hill, le film les yeux fermés. Quelle ne fut pas ma frustration !
Le film commence à peine que l'on sent déjà l'ambiance Silent Hill. Mais le passage de la manette au grand écran ne se fait pas sans heurt ! Il y a quelque chose de différent. Quelque chose qui nous pousse à entrer dans Silent Hill alors que dans les jeux, on n'est jamais poussé ; au contraire, c'est une envie malsaine d'en savoir plus qui nous fait nous engouffrer dans cette ville qui semble nous ignorer. Gans n'a pas compris la subtilité du truc (malgré tout ce qu'il a pu en dire...) et fonce tête baissée dans le cliché : une situation irréversible, un forcing narratif et du faux suspens à gogo. Et vas-y qu'on tombe dans le burlesque horrifique au bout de 20 minutes, à tout péter !
Autant Silent Hill, le film est plutôt réussi esthétiquement (on est quand même assez loin de la beauté froide et simple de Silent Hill 2), autant il est raté à quasiment tous les autres niveaux. L'ambiance sonore n'est pas dégueu mais ne ressemble pas vraiment à celle d'un Silent Hill. Le scénario tente de faire un mix de quelques-uns des thèmes abordés dans la série de jeu vidéo mais l'histoire finit par n'avoir aucune identité réelle. L'action fout un bout les chocottes mais ce n'est rien comparé à l'angoisse vécue dans le jeu quand tu te retrouves à devoir fuir faute de pouvoir torcher la gueule de tes assaillants. Silent Hill, le film est un peu comme Silent Hill, le jeu mais en pas pareil...
Là où le film est carrément décevant, c'est quand on s'aperçoit que Gans - qui disait avoir compris l'essence de la série - a confondu peur et violence. Tout ce qui est violent ne fait pas peur ! Alors que tout ce qui fait peur est forcément violent... Si Gans avait cherché à faire peur plutôt que de vouloir impressionner son monde avec des trucs super gores, on aurait éventuellement eu un film potable. Faute de ça, c'est la foire à la bidoche !
Le point culminant de cette incompréhension de Silent Hill, la série par le réalisateur, c'est lorsque Pyramid Head (personnage über flippant du jeu rendu complètement stupide dans le film) dépouille une nana sur le parvis d'une église. Là, c'est la catastrophe. Une action aussi grossière que dégueulasse qui finit de destiner Silent Hill, le film à la catégorie "adaptation ratée d'un jeu vidéo sur grand écran" (pléonasme).
Même si on retrouve quelques bribes de ce qui fait la beauté des premiers Silent Hill, on a surtout l'impression de s'être faits rouler par un réalisateur aussi nul que prétentieux.