Un film qui flirte tout le long avec une dépression omniprésente sans qu'elle soit non plus étouffante, ce qui rend l'expérience singulière et poignante. Ca se voit que le film reprend la trame feuilletonesque d'un manga, le résultat s'en retrouve encore un peu plus inhabituel avec une narration moins classique et moins ordonnée. L'animation rudimentaire par contre est à peu près du même niveau que celle d'un anime lambda, les dialogues mixtes en langage des signes auraient aussi gagné à être sous-titrés au lieu de faire tout répéter au héros mais l'essentiel n'est pas là.
La partie école primaire est particulièrement forte de par sa cruauté enfantine bien retranscrite dans sa gratuité, son moutonisme ou sa jalousie cachée. Certains passages embarquent le spectateur malgré lui dans une sorte de déni de complicité passive et la fragilité bouleversante de l'héroïne tout en humilité rend les choses d'autant plus révoltantes. Une fois les personnages devenus adolescents ça devient assez ampoulé et on reconnaît le style d'écriture un peu plus Josei du manga originel. Mais ça ne tombe jamais dans le truc fleur bleue total ni dans le pathos outrancier, les personnages ont une évolution difficile à la rédemption torturée. Bref un film qui a le mérite d'aborder des sujets de société relativement invisibles et peu bankables avec une certaine force malgré un traitement parfois assez pataud.