Je ne m'attarderai pas ici sur les conditions lamentables de la projection, coincée entre les vacances de Pâques, le film d'horreur mal fréquenté et l'invasion de merdeuses venues se faire peur, qui n'en ont littéralement rien à foutre et se croient en pleine foire du Trône...
Le masqué frôlera donc l'exploit avec ce billet, si toutefois il arrive à en écrire la fin sans avoir éviscéré une saleté de jeune pucelle ricanante.
Cela n'a pu dû leur dire grand chose, Simetierre, à la plupart de ces ados irrespectueux et mal éduqués. Coincé entre un film culte et le meilleur bouquin de son auteur, sa condition d'adaptation/remake à moitié condamnée à l'échec, l'oeuvre se trouve néanmoins une place assez fascinante aujourd'hui. Maladroit, chaotique, n'échappant jamais totalement aux tares de l'horreur contemporaine, le film fait parfois peur, mais pour de mauvaises raisons.
Car tout d'abord, les allergiques au jumpscare feraient bien de prendre leur traitement s'ils veulent tenter l'expérience, tant Simetierre n'en est pas exempt et en use parfois de manière paresseuse. Ce qui leur procurera assurément une crise d'urticaire carabinée, même si le procédé est loin d'être systématique ici...
Car Simetierre balance perpétuellement entre le graphique frontal et la javellisation de sa violence dès lors qu'un enfant en est la victime : il n'y a qu'à voir la scène pivot de l'entreprise, sans doute l'accident de la route le plus propre de l'histoire du cinéma pour s'en convaincre.
L'ensemble pourra par ailleurs sembler malhabile en plus d'une occasion, mais Simetierre réussit pourtant à installer une sacrée ambiance inscrite entre menace perpétuellement sourde, la culpabilité et une sorte de mélancolie étreignant tour à tour chacun des personnages du récit. Il sera seulement dommage d'avoir survolé les relations avec Judd, sans doute victime de la plupart des coupes du montage salle.
D'autant plus que son décor principal, d'une puissance rare, n'aura jamais autant figuré une traversée du Styx, plongé dans un brouillard impénétrable, ou zébré d'une étrange procession païenne et inquiétante.
Tout en brassant des thèmes bien vus et plutôt fascinant sur la construction de la famille et les relations unissant chacun de ses membres, entrant en résonance avec la foi et la conception de la mort.
Il y a toujours, bien sur, le deuil fissurant les âmes et guidant les pires décisions. Mais la dernière ligne droite semble enrichi d'un véritable complexe d'Oedipe, filant un drôle de feeling dans la tête du spectateur, tandis que la violence psychologique d'une étreinte ou d'un acte final sans retour aura un impact bien plus grand que l'ensemble des saillies horrifiques mille fois vues ailleurs.
Simetierre se démarque à l'évidence de son aîné de papier, mais fournit dans un même élan un film fort sympathique à l'ambiance tendue, jouissant de personnages bien travaillés, desquels on distinguera Amy Seimetz, dont le trauma développé enrichit le programme.
Même si le film, malheureusement, n'évite pas certains travers de son temps.
Behind_the_Mask, Oh ! Minet râle !