Pure de jouvence
Après la parenthèse Babysitter qui adaptait une pièce préexistante, Monia Chokri semble renouer avec la comédie sentimentale en forme d’autoportrait qu’était La Femme de mon frère, son premier long...
le 16 nov. 2023
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Monia Chokri conte l'attirance entre une universitaire en philosophie maquée (on a le droit à plusieurs pensées de philosophes, comme Platon ou Spinoza ou Sardou, sur ce qu'est l'amour !) et un charpentier grand et viril. Deux catégories sociales différentes, susceptibles de se côtoyer à une distance respectueuse, mais nettement moins de se mélanger, d'aller vers l'affection et l'intime.
Si ce couple improbable tient dans un premier temps, en évoluant dans le meilleur des mondes, isolé de tous et de toutes, les yeux pleins d'étoiles, c'est du fait de l'attirance des contraires, de l'attrait de la découverte et de la nouveauté, de l'érotisme tout simplement. Après, le contact avec les autres est un réveil brutal. L'intellectuelle ne peut s'empêcher, au détour de quelques paroles malheureuses, d'afficher un certain degré de condescendance à l'égard de l'objet de sa flamme. Et il y a l'endogamie... cette putain d'endogamie...
La réalisatrice sert au plus près ses sujets en jouant énergiquement avec les focales, les échelles de plan, les légers mouvements de caméra, les zooms, pour traduire l'effervescence puis, au contraire, un univers qui se fissure. Elle parvient aussi à révéler les traits distinctifs de notre époque avec des figures secondaires diverses, apparaissant brièvement, mais tellement efficacement croqués qu'ils sonnent juste.
En outre, dans cette optique, il y a des échanges de répliques qui sont à mourir de rire. Ils sont très bien écrits. Ils font mouche à chaque fois. Ils sont bien joués. Et à propos de jeu, la comédienne principale, Magalie Lépine-Blondeau, est fabuleuse. Non seulement, elle sait balancer ses répliques quand il le faut, à la manière dont il le faut, mais elle a aussi un sens du timing dans la gestuelle, dans les expressions du visage ayant pour conséquence qu'elle est redoutable pour les zygomatiques.
Il y a juste un petit souci qui, après la projection, me gênait, qui a fait que la séquence finale n'a pas eu autant d'impact sur moi qu'elle aurait dû en avoir. Ce petit souci, je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Et pourtant, bordel, la solution était sous mon nez. Là, bien visible. Là, là, là. La raison est résumée tout bêtement dans le titre, Simple comme Sylvain. Que le protagoniste féminin le voit et le qualifie de "simple", d'accord. Mais le spectateur, plus distant, a un autre regard. Et ce que ce dernier voit, c'est que Sylvain est à ce point simple, qu'il en devient simpliste pour en perdre toute crédibilité. Il est dénué de la moindre once de complexité. Complexité si vitale dans une comédie de mœurs, si vitale pour provoquer l'attachement et l'identification du spectateur. Ce qui est regrettable de la part de quelqu'un qui, comme je l'ai souligné un peu plus haut, est capable d'esquisser un portrait sonnant vrai sur très peu de temps de présence à l'écran.
Simple, un peu trop simple...
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Créée
le 10 nov. 2023
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