Le charme entêtant - et sans doute la limite - des films de Hal Hartley, vient sans doute que le réalisateur nous laisse toujours vaguement indécis quant à son degré de sérieux : dans ce mélodrame à l'humour froid - et très intellectuel - qu'est "Simple Men", des tas de choses extraordinaires arrivent à des personnages à peu près inertes, comme si acteurs et metteur en scène trouvaient plus "cool" de ne pas se sentir tout-à-fait concernés. Le style visuel de Hartley, incroyablement élégant (voir les citations godardiennes, bien remises au goût du jour sur fond de Sonic Youth), et l'interprétation à la fois maîtrisée et d'une sincérité à fleur de peau, produisent un mélange de drôlerie et de pessimisme assez stupéfiant. [Critique écrite en 1992]