Sin City revient pour votre plus grand plaisir, mais est-il à la hauteur d’une attente de dix longues années ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que dès le premier film les fans de l’oeuvre de Frank Miller l’avaient compris, Sin City était une bobine qui compilait les histoires les plus intéressantes sans tenir compte de la chronologie des graphic novels, ce qui pousserait inévitablement à craindre le résultat qui pourrait découler d’une suite. Les craintes étaient fondées, et pas qu’un peu. Non seulement Robert Rodriguez a voulu reprendre la chronologie originelle, mais en plus il a dû incorporer les segments manquants (écrits en dernière minute par Miller spécialement pour le film), venant alourdir des histoires bien plus efficaces sur le papier qu’en image. L’amoureux de Sin City vous le dira, il n’y a rien de plus savoureux que de se faire happer en admirant les courbes d’Ada, parfois plus de temps que nécessaire, et nous laisser ainsi duper par le trait de Miller. On ne ressent rien de tout cela dans le film (et pourtant la plastique de Eva Green est irréprochable !), et si l’on compte sur l’action on se retrouve une nouvelle fois face à un mur. Il y a certes des passages que l’on qualifiera d’épiques, mais tout est calqué sur une formule qui a fonctionné, à l’effet-spécial près, en plus d’être une adaptation plan par plan, mais ça manque de verve et l’on a du mal à croire que ce soit Robert Rodriguez qui est derrière tout ça, pourtant réputé pour ne jamais avoir peur de faire appel à son audace. On retrouve le même syndrome qu’avec The Spirit, on essaie de reproduire une alchimie qui s’est produite une fois mais ne se réitérera probablement jamais, plutôt qu’à réfléchir à apporter quelque chose de nouveau, et l’on s’impose des limites créatives qui au final mènent à l’échec. Ce nouvel opus n’en est pas un à la hauteur de The Spirit, mais la hype est passée, l’attente a été trop longue et le résultat trop décevant pour que l’on puisse réellement l’apprécier, en plus d’un effroyable sentiment de déjà-vu, excepté en ce qui concerne le rendu du regard de Ray Liotta, à vous glacer d’effroi.
Sin City 2 : J’ai tué pour elle est long et ennuyeux. Robert Rodriguez se repose sur des lauriers qui sont une réalisation sans accrocs — mais sans audace — et un casting toujours aux petits oignons. Hélas après le culte du premier celui-ci est tout simplement optionnel, même pour les fans qui n’auront qu’une fade mise en image de ce qu’ils connaissaient déjà, et dont ils ne garderont que de vagues souvenirs, ceux-ci étant vite effacés — et heureusement — par ceux de son aîné.