Noir et blanc voient rouge...
Sin City c'est avant tout un choc visuel. Du blanc. Du noir. Du rouge qui ruisselle ou se projette en mouchetures.
C'est aussi des gueules. Des poings. Des poings dans les gueules. Du sang qui gicle en saccades.
Y'a souvent un os... qui débouche sur des os... brisés. Faut pas les "briser menu" à ces psychopathes plus ou moins alcooliques. La faucheuse moissonne donc son lot d'âmes, aidée par des seconds zélés qui ne cherchent qu'une occasion de trucider, que ce soit à coup de poings, de lames, de plomb. Dans cette ville sordide où le Mal trouve un terreau fertile dans le cœur de bien des hommes et de bien des femmes, c'est le règne du pouvoir, de la violence, de la dépravation, de l'argent et du crime. Les cartes distribuées ne sont guère rebattues. Quand on mise, il faut être prêt à poser sur la table de jeu... jusqu'à sa vie. Et gare à qui fait preuve d'une chance insolente, il lui faudra en payer le prix.
L'aspect visuel est toujours plaisant, voire magnétique lorsque les regards perçants (celui du gouverneur est fascinant) transpercent ceux qu'ils contemplent. Le souci, c'est l'impression de tourner un peu en rond lorsque les scènes se suivent et se ressemblent. Des femmes fatales, fort dénudées (Eva Green en tenue d'Eve alors qu'elle est diabolique). Des gueules cassées de montagnes de violence. Montagnes qui semblent parfois indestructibles (le coup du black indémontable, on a déjà vu ça souvent). Des flingues qui tirent à tout va et dessoudent des seconds couteaux. Des menaces viriles qui puent la testostérone à dix pas. De la manipulation féminine tout en ronds de jambes et de fesses. C'est sympa mais à force de répétition, le magnétisme stylisé perd de son attractivité.
Il ne manque pourtant pas grand chose pour que ce soit génial. Le casting est excellent (Mickey Rourke, Jessica Alba, le sénateur, le jeune joueur). L'ambiance réussie (on se croirait dans la BD). Le souci se situe dans la narration, parfois redondante et un brin facile. Ça reste cependant un film de genre très regardable pour qui aime l'univers de Franck Miller.