Il suffit d'un ingrédient...
Quand j'ai fini ce second Sin city, je suis resté assez pantois sur la qualité de ce que je venais voir. Je dois avouer que si le premier Sin City est assez agréable, dans la forme, comme dans l'histoire, je ne suis pas un fidèle adorateur du truc. En parcourant des critiques, il est clair que l'esprit général est à la faiblesse par rapport au premier épisode mais sur les causes de l'échec, les avis divergent et comme disait Pierre, c'est énorme.
A mon sens, la critique ne doit pas porter ici sur la mise en scène, les acteurs ou autre point classique. Non l'origine de la faiblesse à mon sens, c'est l'impasse dans la façon de raconter l'histoire. OU plutôt de la rendre crédible aux yeux des spectateurs.
Ce qu'il y a d'étrange et fascinant dans le premier épisode, c'est que l'aspect comics ne tombe pas à plat, jamais alors que par principe, ce n'est pas adaptable, c'est un genre incompatible avec le cinéma. Oui il y a des films de comics mais ce ne sont pas des comics en "film". Si la trame peut être la même, un film de comics est présenté d'une autre manière, les personnages ne sont pas aussi "burnés", les costumes ne sont pas flashy,etc Sinon on tombe dans le ringard très rapidement, suffit de voir Batman 3 ou 4. Pourtant le premier Sin City est construit comme ça et jusqu'à maintenant, j'expliquai ce paradoxe par l’esthétisme du film, comics en lui-même. Je veux dire, regardez Marv, c'est l'archétype physique du personnage de BD qui ne passerait pas dans un film de super-héros sans filtre genre Avengers ou même le dernier Superman.
Alors pourquoi ça ne marche pas le deux ? Après tout, esthétiquement, on reste dans le même ton mais la plupart des situations tombent à plat. Parce que Sin City 2 prouve que, effet le comics n'est pas adaptable au cinéma. Quand bien même on peut considérer que le film a la classe, plusieurs scènes ont un pied dans le ridicule, on est sorti directement de l'action. Prenez le passage avec Jessica Alba, le fait que son arbalète se recharge toute seule comme un pistolet. Dans un livre ça passe parce que le prochain carreau réapparaît à la prochaine case et là au prochain plan mais ce n'est pas le même type de coupure. Et le pire, c'est que le personnage tranche trop avec ce qui est en train de se passer: Alba est en colère, elle a peur, elle découvre des émotions en tuant, bref c'est le décalage total.
Et c'est comme ça pour tous, à l'exception de Marv, ce qui explique d'ailleurs que ses scènes soient les plus appréciées, parce que c'est les passages les plus crédibles en matière de construction de l'univers. Tous sont des humains, certes archétypaux mais des humains quand même dans un monde qui ne leur colle pas. Ce que Miller et Rodriguez ont oublié, c'est que si il est impossible de faire un comics en film réel, il est pas non plus possible de faire un film réel en comics et c'est exactement l’écueil dans lequel ils sont tombés.