Single Man (2010) – 光棍儿 / 94 min.
Réalisateur : Jie Hao - 郝杰
Acteurs Principaux : Yang Zhenjun -楊振君 ; Les habitants du village.
Mots-clefs : Chine ; Comédie dramatique ; Sexualité
Le pitch :
Perché dans les montagnes du Hebei, à 150 km de Pékin, le petit village de Gu Jia Gou compte plus d’hommes que de femmes. Certains font appel à des trafiquants pour acheter des mariées en provenance du Sichuan, d’autres sont condamnés au célibat. Tel est le cas des quatre papys dont Hao Jie raconte l’histoire.
Premières impressions :
Diffusé à la cinémathèque de Paris au cours du cycle « Nouvelles voix du cinéma chinois », Single Man est un film au sujet atypique prenant des allures de documentaire. Tournée dans le village natal du réalisateur, Gujiagou (顾家沟) dans le Hebei (Nord-Est de la Chine), il s’arrête sur la vie affective et sexuelle des vieux paysans chinois. Dans ces montagnes perdues, la modernisation n’a pas vraiment trouvé son chemin et l’argent n’a finalement pas beaucoup de sens quand les échanges de bons procédés peuvent y pallier.
Jie Hao pose sa camera sur la destinée de quatre grand-père, dont il nous dévoile le passé et le présent, sans que l’on sache jamais bien si tout est fiction ou inspiré de leurs vie. En effet, la plupart des personnages sont joués par les villageois eux-mêmes et par l’équipe de tournage pour les plus jeunes. Seul le personnage central, le vieux Yang, qui dépense ses économies pour acheter une jeune épouse d’une autre province, est joué par un acteur professionnel - Yang Zhenjun.
Mariage arrangé, prostitution, achat d’épouse, homosexualité, chansons paillardes, Jie Hao nous offre un panorama de l’intimité de ces vieux messieurs, prenant tantôt des allures de comédie touchante, tantôt des accents de drame bouleversant. Pour être honnête, je suis ressorti plutôt amer de la séance, tant j’ai conscience que cette traite des femmes existe toujours aujourd’hui. Quand bien même je comprends la situation de ces hommes qui ne veulent pas terminer leurs jours seuls, j’ai toujours du mal à faire face à ces sujets compliqués.
Heureusement, Jie Hao nous permet également de comprendre le quotidien du village, le regard de ces hommes sur l’histoire, mais également l’espoir qui peut-être porté par une jeune génération diplômée. Si le rythme et lent, le récit contient suffisamment de rebondissements pour ne pas être ennuyeux. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, le film garde beaucoup de pudeur et de tendresse pour son sujet. On sent que le réalisateur aime son pays et qu’il a voulu porter la lumière sur un sujet méconnu, sans y apporter de jugement moral.
Il est probablement compliqué de voir ce film en France car il n’existe ni DVD, ni distribution, néanmoins, si la magie d’Internet ou des festivals peut vous permettre de le voir, je vous recommande vivement de prendre le temps car c’est un film qui ouvre l’esprit.