Vienne,1854.Elisabeth,dite Sissi,duchesse de Bavière âgée de 16 ans,vient d'épouser son cousin François-Joseph,empereur d'Autriche.Obligée de vivre au Palais Impérial de Schönbrunn,cette jeune sauvageonne au fort caractère supporte mal les usages stricts de la cour,ce qui l'amène à s'opposer violemment à sa belle-mère,qui est aussi sa tante,l'archiduchesse Sophie.Après le succès de "Sissi" en 55,cette suite a été tournée dans la foulée par la même équipe et sera prolongée l'année suivante par "Sissi face à son destin".Si le premier volet se cantonnait à un gentil conte romantique,celui-ci montre plus d'ambition en introduisant une dimension historique plus prononcée.De fait,cette trilogie retrace des évènements réels transcrits avec exactitude dans les grandes lignes mais très romancés et traités de manière approximative.Du coup la petite histoire de la guéguerre entre Sissi et Sophie prend le pas sur la grande Histoire de l'Empire Autrichien.Certes,vu d'aujourd'hui,l'Autriche est un pays qui fait rigoler et parait folklorique,mais c'est oublier que ce fut une immense puissance qui a dominé une grande partie de l'Europe,notamment en ce 19e Siècle ici évoqué.Il ne s'agissait pas que de l'Autriche et les frontières de l'état englobaient des morceaux des actuelles Allemagne et Italie,ainsi que la Hongrie.La maison Habsbourg tenait d'une main ferme cet empire et il est un peu dommage de voir François-Joseph défini tel un employé de bureau velléitaire au sourire niais incapable de trancher entre sa femme et sa mère.La politique est cependant à l'ordre du jour via la sympathie,inexpliquée,d'Elisabeth pour la Hongrie et ses rebelles,sympathie bizarrement partagée par les hongrois alors que Sissi vient juste d'accéder au trône et qu'ils ne la connaissent donc pas.Cette amitié réciproque est peut-être due à la nature indomptable de la donzelle,proche en somme des peuples en révolte.Par conséquent on nous présente l'impératrice comme l'artisan du ralliement hongrois à l'Autriche,obtenu par la douceur et contre l'avis naturellement de la méchante Sophie qui préfèrerait soumettre les magyars par une bonne répression,ce qui est sans doute historiquement douteux.Tout ceci est assez mal construit,le réalisateur et scénariste Ernst Marischka peinant à équilibrer la narration,ce qui nous vaut des ellipses et des raccourcis saisissants,à l'image de ce moment où Sissi fait un malaise et découvre qu'elle est enceinte.Dans la scène suivante le bébé est né,ça passe vite neuf mois.Il y a aussi le refus absolu de Sophie de confier l'éducation de sa fille à Elisabeth,pour qu'on apprenne dans la séquence d'après que finalement elle a cédé,sans qu'on connaisse les raisons de ce revirement étonnant.Sinon la direction artistique est à la hauteur,ce qui pour un film d'époque est nécessaire.On a tourné à Schönbrunn et on peut admirer les ors des palais,les costumes chamarrés,les robes de deux mètres de diamètre,les chevaux majestueux et les bals guindés de l'aristocratie.On dit souvent que le seul intérêt de cette trilogie est d'avoir révélé la splendide Romy Schneider,ce qui n'est pas vraiment faux.Dans l'éclat de sa prime jeunesse,sa présence et sa beauté irradient l'écran,et elle est de surcroît d'une parfaite justesse,ce qui tranche avec le reste d'une distribution très moyenne où ne surnagent que Vilma Degischer en archiduchesse venimeuse,dont le rôle est nettement plus étoffé que dans le film initial,et Eric Nicowithz,qui incarne son mari le tranquille archiduc Franz-Karl,qui feint d'être sourd afin qu'on lui fiche la paix.